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Voyage d’une vie

1er mai 1953

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1er mai 1978

1er mai 1996

1er mai 2001

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1er mai 2007

1er mai 2011

1er mai 2013

1er mai 2015

1er mai 2020

1er mai 2021

   
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Me décide à venir au monde malgré une grande appréhension

   
  Pianiste et compositeur suisse (Saint-Gall, 1er mai 1953).
Il neigeait ce jour-là à Saint-Gall … J’étais le deuxième de la famille, mon frère était né trois ans avant. Mes parents étaient très jeunes et tout à fait modestes. Mon père avait trouvé un emploi comme représentant pour des meubles et allait beaucoup en Suisse romande. On lui a proposé l’ouverture d’une succursale et c’est pour cela que très tôt on est partis en Suisse romande et donc avec mes parents je parle toujours en suisse allemand mais par contre j’ai fait toutes mes études en français.
  « Avec une technique remarquable, entièrement asservie à la mise en place d’un univers musical très personnel qui, de Schubert à Monk en passant par Satie, se révèle celui, tendre et sensible, d’un authentique poète du clavier, René Bottlang réussit l’heureuse synthèse de l’écrit et de l’improvisé. Entrelacs de petites phrases mélodiques construites avec une minutieuse précision et une grande diversité rythmique, son jeu impose l’évidence d’un sincère chant intérieur, généreux et fragile parfois, toujours rehaussé d’une pointe d’humour. » Jean-Paul Ricard, Dictionnaire du Jazz Robert Laffont
     
     
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Ne me remets jamais vraiment de constater que les défilés communistes n’ont rien à voir avec mon anniversaire. Me jette sur le piano.

   
  La situation de mon père s’étant assez vite améliorée, on a pu se payer des vacances dans un chalet en montagne pour skier et il y avait un piano. Tout de suite je préférai rester devant ce piano plutôt que d’aller skier, alors que j’adorais skier. Et depuis ce moment j’ai voulu un piano et mon père en a acheté un à crédit et a trouvé un professeur privé, nommé Pierre Cerf, élève de José Iturbi de l’école romantique. Apprentissage très strict avec un répertoire classique et surtout du Chopin. Et sans être particulièrement bon j’avançais bien et très vite je me suis rendu compte que c’était mon truc. Et je travaillais quand j’étais seul. Quand est venue l’adolescence, j’ai été intéressé par les musiques qui marchaient à l’époque, les Beatles ou la chanson française comme Antoine ou Polnareff. Je me suis rendu compte qu’avec trois accords de guitare on pouvait faire des chansons et j’ai commencé à écrire des textes et la musique.
Dès cette époque, j’ai commencé à peindre et à dessiner. J’ai demandé pour Noël un chevalet et tout le matériel pour peindre. J’ai toujours peint mais en total autodidacte, apprendre ne m’intéressait pas. Ce qui me séduit, c’est créer à partir de rien. Le fait de pratiquer la peinture de manière libre me libère en musique. Le peintre qui m’a le plus stimulé dans cet esprit-là, c’est Bram Van Velde.
Mon père, qui avait monté son entreprise, rêvait de me voir travailler à sa suite. Mais heureusement j’avais un grand frère ! Comme ma scolarité n’était pas brillante, il ne me restait que l’école de commerce dont aucune branche ne m’intéressait. Je ne faisais rien jusqu’au jour où, vers 17 ans, on m’a dit qu’il fallait que cela cesse. Et j’ai obtenu de m’inscrire au conservatoire parce que je me rendais compte que pour vivre de la musique il me fallait travailler plus sérieusement.
 


Pierre Cerf


Huile

     
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Constate que les Beatles valent bien Jean-Sébastien Bach. Et vice-versa.

   
  A Lausanne, en 1970, je bossais à la poste la nuit et j’avais quitté le domicile paternel. Je suis resté trois ans au conservatoire et c’est là que j’ai rencontré le guitariste Claude Lauzzana. J’étudiais l’ensemble des matières dispensées (instrument, harmonie, contrepoint…).
La découverte des Beatles me mène à la chanson et, avec Claude au Canada, à la réalisation d’un premier et unique 45-tours, chez Decca.
L’échec commercial de ce disque me ramène au piano tout comme la découverte du Facing You de Jarrett et j’entre à la Swiss Jazz School de Berne. En 1975, je fonde le quintette Madame Schwab, avec lequel nous jouons aux festivals de Moers et de Freiburg, puis L’Orchestre à Musiques, avec Claude Lauzzana.
L’Orchestre à Musique est un orchestre de dix musiciens. On a été invités par André Francis à donner L’Opéra Gouffre à Radio-France. Avec la bande de ce concert on a cherché des producteurs et ce fut l’occasion de rencontrer Jean-Jacques Pussiau, très intéressé par les parties de piano.
 


45-tours Decca


Huile

     
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Goodbye Switzerland. Me nomadise sérieusement

   
  Après avoir rencontré Gemma, tous les deux nous avions envie de partir de Suisse, pour aller à Paris, mais finalement cela s’est transformé en midi de la France. Et c’est ainsi que nous sommes arrivés dans le Gard.
Donc solitude et beaucoup de travail du piano pour préparer un solo, comme mon modèle de l’époque, Keith Jarrett, qui représente un bon entre-deux entre le rock et le jazz.
Je prépare un plan pour enregistrer sur le piano de la Radio suisse romande, celui qui avait servi pour le Lausanne Concert de Jarrett. Sans transition du piano droit de travail de la cabane au Steinway de concert de Keith !
Disque solo fait donc après l’installation dans le Gard. Avec la bande je cherche un producteur et me souviens de Jean-Jacques Pussiau qui l’écoute et décide de sortir le solo sous son label Owl Records, label qui avait déjà publié quatre ou cinq disques. Paul Bley, mon pianiste préféré, écrit un petit texte pour la quatrième de couverture. Quand le disque a vu le jour, il y a eu beaucoup d’articles. Il s’est passé bien des choses et cela m’a incité à monter à Paris tout en gardant un pied dans le Gard. Beaucoup de concerts en solo ou en duo avec Michel Gaudry, François Jeanneau, Annick Nozati.
 
  1980, In front, OWL 022, « Solo »

01 : Andante
  in front
in front
  Le premier disque marchant bien je décide d’en faire un autre. Préparation dans un local partagé avec Chlete (Christian Lété), rue Quincampoix, sur un piano droit. Je suis un adepte d’un piano pas trop bon chez soi pour se réserver la possibilité d’avoir de bonnes surprises lors des concerts. L’enregistrement se fait là aussi à Lausanne, en 1982, toujours pour Owl Records. Disque très bien accueilli, avec un texte élogieux de Martial Solal en quatrième de couverture.    
  1983, At the movies, OWL 035, « Solo »

01 : Samorales
  At the movies
At the movies
  Je joue au festival de Zurich, puis en trio avec André Jaume et Bruno Chevillon.
En 1985, suis invité à Moscou et me produis un peu partout en Europe. Je joue en duo avec Mal Waldron et, en 1989, crée le quintet Exilés avec le quatuor Enesco. Suivent des rencontres avec Dan Iarca, Barre Phillips, Charlie Haden, Christian Lété, Chris Biscoe, Steve Lacy et Jean Querlier.
En 1991, je participe à la création du groupe TBMT, pour deux pianistes et deux percussionnistes.
En 1992, création au festival d’Apt d’une suite pour piano et violoncelle avec Kerstin Elmqwist et, au festival de la vallée de l’Hérault, de Round about Bobby (Lapointe) avec Phil Minton, Chris Biscoe, Claude Tchamitchian et Youval Micenmacher.
Je joue ensuite en duo avec Jean Querlier, Franz Koglmann puis, en 1995, m’installe à Vienne où je me produis au sein de différentes formations, en Autriche et en Europe de l’Est.
   
     
  En 1991-1992, j’écris, en hommage à Bach, les Dialogues bien tempérés deux livres qui visitent toutes les tonalités, majeures et mineures, dans un strict contrepoint à deux voix.    
  Période de transition technique : on passe au CD, peut-être un peu rapidement. L’attachement au disque n’est plus le même, les CD sont comme un peu plus virtuels, on ne peut entendre la musique avec son ongle. Contact physique qui disparaît.
Mal Waldron, c’est Richard Brechet qui a eu l’idée de nous faire jouer ensemble et qui nous a programmés dans un festival à Avignon. J’ai trouvé quelques concerts, à Radio France et Jazz et Polar. Concert à Lausanne enregistré en live toujours par la Radio suisse romande. Premier disque à sortir chez Plainisphare. Expérience formidable de jouer avec Mal qui représente toute une tradition.
   
  1988, The Lausanne concert, Plainisphare 39, « Duo avec Mal Waldron »

03 : Epistrophy
 
     
  Marc Puig, après le concert avec Enesco, me demande ce que j’aimerais faire cette année. Et spontanément je propose un duo avec Charlie Haden. Il a dit : « Ok, appelle-le. » J’ai trouvé son numéro, je l’ai appelé, et il m’a répondu : « A priori, oui. Envoyez-moi de la musique. » Et deux semaines après il a dit ok. En plus d’un stage que Charlie a donné à Bollène, on a fait trois ou quatre concerts. Le disque a été enregistré en live lors de celui de Bollène. Et le disque, c’est le concert du début à la fin. C’est vraiment le jeu de contrebasse que j’aime. Ses solos me font penser à Bach. La chaleur du son. Quand il joue trois notes, on sait que c’est lui. Ce n’est pas seulement un musicien, c’est un artiste.    
  1990, In the moment, CELP 13, « Duo avec Charlie Haden »

01 : Mon amour retrouvé
 
  J’adore les quatuors à cordes, c’est là où les compositeurs vont le plus loin, c’est la musique pure. Au début de la période dans le Gard, dans la petite cabane, sur une période de deux mois, j’ai écrit un quintet pour piano et quatuor à cordes que j’ai envoyé au premier violon de l’orchestre de Lausanne. Il a tout de suite dit que c’était super et que l’on pouvait penser à un enregistrement. La Radio suisse romande a produit la bande. C’est le premier violon qui a choisi les musiciens et l’enregistrement était parfait.
Recherche d’un producteur et proposition à Manfred Eicher pour le rencontrer et finalement, alors qu’il me fait venir à Munich, ne peut m’accorder qu’un rendez-vous téléphonique. Au retour j’envoie une lettre pour râler qui m’a grillé définitivement auprès d’ECM. Grande déception. A cette même époque a lieu la rencontre avec Marc Puig, directeur culturel de la ville de Bollène. Je lui propose un concert avec le quatuor Enesco au festival de Bollène, qui sera enregistré par Radio France. Avec cette bande, je prends contact avec Pan Musique, label dirigé par Virginie Noel, et elle me dit que la bande de Bollène n’est pas assez bonne. Je propose alors un enregistrement en Suisse avec le quatuor Enesco au studio de la Radio suisse romande. Le disque est réalisé et a été suivi de deux ou trois concerts. Deux trois bonnes critiques et puis… on passe à autre chose.
   
  1991, Exilés, Pan 1110, « Quintette avec le quatuor à cordes Athénéum-Enesco »

01 : Prélude
 
  TBMT, c’est la rencontre avec un producteur, Rafael Jiménez, producteur de rock à Paris, incroyablement mélomane. Très vite, il a eu envie de faire quelque chose avec moi et son idée était de faire une musique avec la même formation que la sonate de Bartok pour deux pianos et deux percussions. Je jouais déjà, à l’époque, avec Christian Lété qui a trouvé Dubois comme vibraphoniste et Jiménez connaissait le pianiste François Delarare. Ulysse Music, le label de Jimenez, a organisé quelques concerts. L’enregistrement s’est fait à Genève.
Les compositions étaient essentiellement de François Delarare et de moi. Faute de concerts l’expérience a tourné court.
   
  1991, TBMT, Ulysse 184, « Pour deux pianistes et deux percussionnistes »

01 : In the Cave
  TBMT
TBMT
  Rencontre avec Jean Querlier, saxophoniste, à l’occasion d’une semaine au Dunois, à Paris. Carte blanche avec Christian Lété, nous avons invité Jean-Jacques Avenel, Annick Nozati, Didier Levallet, Gérard Marais et Jean Querlier. Très bonne entente avec ce dernier et un plan pour jouer deux semaines au Chambon, deux heures tous les jours. Vient alors l’idée de faire un disque, avec la possibilité d’enregistrer de nuit à l’Ircam. Ambiance surprenante, plateau énorme avec cabine à mi-hauteur. Un véritable enregistrement underground. Le disque comporte des lieder de Schubert, dont la mélodie est jouée, telle qu’elle est écrite, par Jean Querlier, qui a aussi une culture classique, son premier instrument étant le hautbois. Pour ma part, je suis plus libre dans mon accompagnement. Du fait qu’il s’agit d’un duo, les possibilités de trouver des concerts sont plus nombreuses et cela nous incite à la réalisation d’un second disque.    
  1992, Voyages divers, Plainisphare 70, « Duo avec Jean Querlier »

01 : Le battement d’ailes d’un papillon
  Voyages divers
Voyages divers
  1993, Voyages divers II, Plainisphare 87, « Duo avec Jean Querlier »

01 : Karim
  Voyages divers II
Voyages divers II
  Puig change de poste, il est nommé à Pézenas pays de Boby Lapointe. A l’idée d’organiser un événement autour de Boby j’accepte, bien que pas trop fan. J’ai pris les textes comme de la poésie et j’ai commencé à écrire de la musique sans me soucier de celle de Boby. Et, après seulement, j’ai pris deux trois thèmes à lui, comme la Maman des poissons. Pour le chant j’ai pensé à Phil Minton qui, ignorant le français, a tout appris phonétiquement. Finalement, malgré les contraintes, c’est quelque chose qu’il m’a plu de faire. Et qui a plu aussi à toute la famille de Boby qui était présente au spectacle. La musique a un peu tourné et a été enregistrée en live à Avignon avec Jean Querlier, qui a remplacé Chris Biscoe indisponible.    
  1994, Round about Boby, Plainisphare 95, « Quintette avec Phil Minton »

05 : Embrouille minet
  Boby
Boby
  Grâce à Voyages divers, nous rencontrons, six mois après la chute du mur de Berlin, la chanteuse Barbara Thalheim, très connue en Allemagne de l’Est. Elle cherchait des musiciens pour jouer le répertoire romantique allemand, mais d’une autre manière. Elle avait un engagement fixe au Schauspielhaus de Berlin. Nous avons donné des concerts à Berlin et fait des tournées, pendant trois ans, dans toute l’ex RDA. L’Est était alors en plein boom. Tout paraissait comme à l’époque de Bach pendant les tournées d'enregistrement en live au Schauspielhaus.    
  1995, So lasst uns scheinen, Nebelhorn, « Avec Barbara Thalheim »

02 : So lasst uns scheinen
  Thalheim
Thalheim

   

   
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Vais retrouver mes racines en Mongolie extérieure. Pourquoi n’y ai-je pas pensé avant ?

   

   
  Achille est un comédien-chanteur qui a pris contact avec moi pour savoir s’il pourrait utiliser mes musiques pour chanter par-dessus. J’ai accepté et un jour il a voulu me rencontrer. Rendez-vous fut pris dans un salon de coiffure, avant l’ouverture. Il a mis un disque et a chanté par-dessus à huit heures du matin. Je l’ai trouvé sympa et marrant et il a obtenu que je travaille avec lui. Et on a joué dans des endroits un peu bizarres ! Il a aménagé sa grange, loué un piano et, avec le guitariste Philippe-Marcel Iung, Jean Querlier au saxophone et Achille au chant, on a enregistré des poèmes sur mes musiques.    
  1996, Bonjour la terre, PAN 1122, « Avec Achille Awado »

08 : Le diner
  Bonjour
Bonjour
  En 1997, j’entame un long séjour en Mongolie et y travaille avec des musiciens traditionnels. De retour dans le Sud de la France en 2001, je reprends mes activités.    
   
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Fonde une famille et me demande où va le jazz. Compose Solongo, Zaïat et Amédée

   
  Quand on a décidé avec Solongo de venir vivre en Europe, parce qu’elle était enceinte et que l’on pensait que ce serait mieux, nous avions la possibilité de vivre en Autriche, à Vienne, ou bien en France, à Paris, ou bien encore dans le Midi. Et finalement Solongo a opté pour le Sud de la France.
Naissance de Zaïat et moi je me suis remis à travailler sérieusement le piano. Il y avait à Avignon l’Ajmi (Association pour le jazz et la musique improvisée) où Jean-Paul Ricard avait monté son label et puis aussi la possibilité d’enregistrer à la Buissonne. Ces circonstances favorables m’ont incité à enregistrer un nouveau solo, dédié à mon épouse, Solongo. Ce disque marque une évolution par rapport à mes premiers disques solos : dans les premiers cela sortait comme un cheval fou alors qu’après j’ai l’impression d’avoir beaucoup plus maîtrisé ce que je voulais dire. C’est beaucoup plus construit. Toutes les musiques correspondent à chaque époque de ma vie. Jean-Paul Ricard c’est le premier qui m’a fait jouer dans le Midi. Il me connaissait par les disques de chez Owl, depuis les années 1980. Et, ensuite, Jean-Paul m’a fait constamment jouer, il a toujours été là.
   
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2003, Solongo, Ajmiséries 05, « Solo »

01 : Mes deux soleils

  Solongo
Solongo
 

« Plus que jamais, la musique de Bottlang est à la croisée. Sincère. Inclassable. "La Mémoire en éveil" : Le jazz, le classique, le flamenco, les musiques autres... En ces temps de musiques formatées, ce disque généreux est précieux. » P. H.  Ardonceau, Jazz Magazine

   
  Je fonde ensuite le trio Trilongo avec Guillaume Séguron à la contrebasse et Samuel Silvant à la batterie et donne de nombreux concerts avec cette formule reine du jazz. Le disque est sorti en 2005 également sur Ajmi Series. C’est la première fois que je monte un trio de jazz classique. J’ai rencontré d’abord Guillaume Séguron, présenté par Jean-Paul, et c’est lui qui a proposé Samuel. L’idée était de jouer de la musique totalement improvisée. L’enregistrement a été fait dans ces conditions. Cela a vraiment très bien fonctionné. Le trio a un peu joué à Paris, au festival de Perpignan, au Petit Faucheux, à Pannonica… On a voulu faire un second disque en trio tout différent avec quinze thèmes, mais le disque n’est jamais sorti. En fait, la vie de ce trio, c’était vraiment l’improvisation et cela n’a eu qu’un temps.    
 

 

2003, Trilongo, Ajmi Series 07, « Trio avec Guillaume Séguron et Samuel Silvant »


01 : From my Window (Morning)

  Trilongo
Trilongo
 

« Le morceau peut-être le plus emblématique du trio c’est le très beau Miró, la basse et la batterie semblent sortir des doigts du pianiste. Cela commence très méditatif puis ça part à fond la caisse sur une rythmique ultra légère et swingante, avec de longues phrases du pianiste, puis on revient au méditatif. Le meilleur trio que l’on puisse écouter en ce moment. » Serge Baudot, Jazz Hot

   
  En 2005 il y a la création de Tchigueree Dance 1 et 2, une pièce pour trois pianos, commandée par René Koering pour le festival de Radio France à Montpellier, interprétée par François-Joël Thiollier, Frank Braley et moi-même. Puis il y a la fondation de Artlongo orchestre de dix musiciens. Le disque est sorti en octobre 2007, toujours sur le label Ajmi Series. J’avais envie de faire un orchestre dans l’idée de Gil Evans, un ensemble léger dans le sens de la formation et de la musique. C’est-à-dire une musique qui ne soit pas trop militaire. Des compositions pour piano, basse, batterie, guitare, clarinette, flûte, violoncelle, vibraphone, voix, basson. Avec Artlongo cela permettait de faire des parties très musique de chambre et des parties très jazz. La plupart des musiciens étaient des improvisateurs mais ce disque, produit par l’Ajmi, est cependant très écrit.    
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2007, Artlongo, Ajmi Series 14, « Tentette »

01 : Bambouk


  Artlongo
Artlongo
 

« On pourrait bien avoir un urgent besoin de tels moments de grâce légère et profonde, quand ils sont conquis sans mièvrerie aucune mais au prix d’un travail très intelligent, qui a de surcroît la délicatesse et l’élégance de rester dans l’ombre. Un bien beau disque. » Philippe Méziat, Jazz Magazine

   
  Dans les années 1990, j’ai joué avec Barre Phillips. Il est arrivé un jour chez moi pour répéter et on a joué deux heures sans s’arrêter, sans parler des partitions qui étaient prévues. Quand j’ai eu l’envie de faire un nouveau disque en trio j’ai tout de suite pensé à Barre ainsi qu’à Chlete (Christian Lété) et je me suis dit que j’allais faire comme avec Trilongo, c’est-à-dire aller au studio en direct sans rien préparer. On a fait quelques concerts comme le festival de Montpellier et de La Seyne. Le disque s’appelle ainsi, Teatro Museo, parce que j’avais visité peu de temps avant le musée de Dali et qu’il s’agit là d’une mise en scène de nos trois vies.    
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2011, Teatro Museo, Ajmi series 21, « Trio avec Barre Phillips et Christian Lété »

01 : A l’écoute

  Teatro Museo
Teatro Museo
 

« Introduit par quelques notes obsédantes, Teatro Museo génère une improvisation collective fascinante et témoigne de la remarquable interaction d’un trio pas comme les autres. » Pierre de Chocqueuse, Chroniques de disques

   
  Il y a quelques années Richard Brechet m’invite à jouer en trio avec un contrebassiste new-yorkais, Andy McKee, et le tromboniste François Lemonnier. Ont suivi quelques concerts en trio et Andy et moi on a eu envie de développer quelque chose en duo. Pour ce duo, c’est la possibilité de se retrouver sur des musiques qui sont un peu différentes, qui échappent aux standards habituels du jazz. Notre première rencontre s’était en fait produite trente-cinq ans avant, lors d’un concert à Genève avec Elvin Jones avec qui jouait alors Andy, mais nous l’ignorions. Après avoir joué pas mal de fois avec Andy et enregistré un disque en duo (disque qui n’est pas encore sorti), je me suis dit pourquoi ne pas faire quelque chose à New-York ? Et Andy m’a proposé d’enregistrer avec des amis à lui. Il a loué un studio en pleine campagne dans le New-Jersey et on a fait ce disque en deux jours. Le premier en duo et le second avec les autres musiciens. Séances très professionnelles et efficaces. Disque rare car de grande variation dans les formations qui, selon les morceaux, vont du duo au quintet.    
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2013, Autumn in New York, Ajmi Series 24, « Avec Andy McKee, Oliver Lake, Vic Juris et Billy Hart »


01 : Loulou opus

  Autumn
Autumn
 

« Ah ! le son de ces gars là ! Ce sont des amoureux du beau son, de grands improvisateurs se jouant des plus grandes complexités harmoniques, s’en jouant et les jouant comme si c’étaient des chansons. Des musiciens traversant le free avec quelque chose à jouer, peu intéressés par les prouesses techniques, et pourtant leur technique est grande, justement ; elle reste au service de l’expression. Dans ce disque on a affaire à des duos, des trios, des quartets, des quintets. C’est donc un groupe à géométrie variable, mais le disque est construit comme une œuvre totale, chaque morceau en étant, en somme, un mouvement, pour comparer avec la musique classique. On entre dans l’œuvre par Loulou Opus 1, une improvisation collective des cinq musiciens, et d’emblée on est pris, improvisation si pleine et si expressive qu’on pourrait la croire écrite. On retrouve le côté minimaliste de Bottlang avec sa force expressive, le gros son, la puissance de Lake, si bien que son alto sonne comme un ténor, la pureté et l’inspiration de McKee à la contrebasse, les envolées fluides de la guitare de Juris, et le soutien au cordeau de la batterie de Billy Hart qui donne toute sa respiration au groupe. C’est parti ! Il n’y a plus qu’à se laisser emmener. Allergie est un trio avec une pulsation endiablée ; Bottlang a mis un tigre dans son piano, une main gauche époustouflante derrière une droite rebondissante. Mélodie Quantique est un splendide duo en contrepoint piano-contrebasse. Exibit A est en quartet dans un fonctionnement free avec la basse qui assure la pulse, et le guitariste qui part dans des envolées fulgurantes. Softly autre duo basse-piano à fendre l’âme, l’entente basse-piano est exemplaire. Infusion, duo piano sax : des choses à exprimer dans la beauté des sons. Time Like This, allusion au Tie Like This d’Armstrong ? Un quartet avec section rythmique et sax, les allées dans le grave du piano vous donnent le frisson. Transfusion est un duel piano-guitare, et c’est la musique qui gagne. If not Now est peut-être le plus beau morceau du disque. C’est un duo basse-piano C’est une sorte de barcarolle, la beauté sublimée dans un chant à deux voix. Crazy Eights en quartet, section rythmique et sax, morceau ancré sur un ostinato rythmique et typique du blues : un lyrisme fabuleux, à fondre de plaisir. Dans Loulou Opus 2 improvisation du groupe au complet, avec les mêmes qualités que l’Opus 1. Sur Crossover la guitare et le piano sont en dialogue convergeant, avec un batteur aux anges qui fait de la musique avec ses tambours et cymbales à l’unisson de ses collègues, et un sacré contrechant de la contrebasse. Le disque se termine par un nouveau duo piano-contrebasse, Skyline Blues, un blues pris sur un rythme tango ; une expression harmonique confondante de beauté. Et les échappées chères à Bottlang. Vive le tango-blues ! La multiplicité des formations donne à priori de la variété, ce qui en soit serait mineur, mais l’unité de l’œuvre est parfaite. Un souffle afroaméricain, même si tous les musiciens ne sont pas issus de cette communauté. Plus qu’un «  Automne à New York » c’est un printemps du jazz. » Serge Baudot, Jazz Hot

   
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  « J’ai toujours été fasciné par la Patagonie, cette région du bout du monde. fallait que j’y aille et comme j’ai horreur d’être un touriste, j’ai organisé une séance d’enregistrement en arrivant à Buenos Aires, puis une autre avant de repartir après un périple de 3 semaines en bus à travers le sud de l’Argentine. le disque aurait pu s’appeler Patagonie, mais enfin, je l’ai enregistré à Buenos Aires. Brian Ielle un ingénieur du son formidable avec qui je me suis super bien entendu a été d’une efficacité redoutable. La musique du disque n’a rien de spécialement argentin ou patagon. Non, c’est ma musique, mais elle doit certainement avoir un peu la couleur et le rythme de ce voyage. »    
 

 

2015, Buenos Aires, Meta Records, « René Bottlang piano solo »


06 : Anne-Lise im Taxi

  BuenosAires
BuenosAires
 

La liberté dans toute sa splendeur René Bottlang: Buenos Aires
Le pianiste René Bottlang, virtuose dans l’art d’errer sans jamais s’égarer, explore des territoires musicaux avec une clairvoyante curiosité, son jeu mélodique et délicieusement harmonieux ne procédant pas du mécanisme de la rupture mais d’un flux naturel, que l’on pourrait comparer à celui d’un fleuve. Comme il le dit lui-même : « Un morceau réussi, c’est comme une bonne chanson: il raconte une histoire. »
Le piano solo tient une place importante dans la riche discographie de Bottlang, lequel, après avoir flirté un temps avec le chant et la guitare, revient en force vers le piano pour notre plus grand bonheur (l’album Facing you de Keith Jarrett n’y est d’ailleurs pas pour rien). Et comme il se passionne pour le jazz, Bottlang n’hésite pas à placer en tête de liste de ses expériences musicales les plus marquantes deux duos qu’il a formé jadis avec des icônes du jazz d’outre- Atlantique: le pianiste Mal Waldron et le contrebassiste Charlie Haden (duos immortalisés sur CD).
Au début des années 1980, Bottlang propulse sa carrière avec deux albums solo: In front (1980) suivi de At the movies (1983) sortis chez le prestigieux label français OWL, avec des notes de pochette faisant référence à Paul Bley et Martial Solal, deux pianistes aussi renommés que musicalement dissemblables. En 2003 paraît Solongo, le dernier album solo de Bottlang (intitulé d’après le nom de son épouse, rencontrée lors d'un séjour de deux ans en Mongolie et avec laquelle il vit aujourd’hui dans le sud de la France).
Aujourd’hui – suivant de près Biographies, un album qui foisonne en improvisations fertiles sur des compositions de son ami peintre et saxophoniste Ralf Altrieth – c’est un album enregistré à Buenos Aires en 2015 que nous propose Bottlang. Il explique: « J’avais prévu de voyager un mois à travers l’Argentine jusqu’à la pointe de la Patagonie, mais je n’aime pas être un touriste. Alors je me suis imposé une séance d’enregistrement dans la capitale argentine dès mon arrivée, puis une autre avant de repartir. Ainsi mon voyage devenais artistique et j’emportais bien sûr mon saxophone soprano et mon ukulélé. »
Dans ces quinze morceaux à la beauté sobre et sans prétention, il ne faut pas chercher de référence directe à la musique argentine. Bottlang n’a pas voyagé en ethnomusicologue à travers le pays, il s’est laissé imprégner par les ambiances, les visages, les paysages, la cuisine et les sonorités pour les laisser doucement s’instiller dans sa musique. Sept de ces morceaux sont des impromptus non retouchés, ce que – étant donné leur étonnant équilibre – on a peine à croire. Des huit compositions restantes, deux ne sont pas de Bottlang : Blowin’ in the wind de Bob Dylan, une des chansons préférées du pianiste, ainsi que Nostalgia in Times Square de Charles Mingus se sont imposés d’une manière aussi miraculeuse qu’inattendue au sein d’une improvisation libre.
Tom Gsteiger

   
 

Écouter un nouvel enregistrement de René Bottlang, c’est comme retrouver un vieil ami dont on était sans nouvelles : une heureuse surprise mêlée à un plaisir de ressentir du renouveau. Au début des années quatre-vingts, René Bottlang marquait le paysage musical en enregistrant deux albums en solitaire au piano pour OWL Records avec le soutien du producteur visionnaire Jean- Jacques Pussiau.
C’est de nouveau face à un piano très bien enregistré qu’il nous revient aujourd’hui, avec ce toucher fin et empreint de néo-classicisme. Mais ne nous y trompons pas, les effluves de blues se font jour au fil des morceaux. Une grande culture musicale emmagasinée depuis des décennies se libère au fil de ces quinze pièces enregistrées, le plus surprenant étant que sept de ces morceaux sont des impromptus. C’est véritablement un tour de force car pour l’auditeur la musique coule de manière très naturelle. Tous les airs se succédant révèlent avec force le jeu mélodieux de René Bottlang et son sens de l’harmonie d’une beauté éclatante. Arriver à un tel état de grâce ne tient pas seulement au travail inlassable du pianiste mais bien avant tout à sa curiosité constante qui l’a conduit à voyager dans ce pays immense qu’est l’Argentine.
Il décide alors d’un enregistrement à son arrivée à Buenos Aires et d’un second en fin de périple, avant de quitter la capitale et le pays. Le disque est donc baptisé logiquement Buenos Aires, mais nulle trace de folklorisme ou d’un tango imaginaire ; aucune tricherie : ce sont bien les couleurs, les personnes rencontrées, la cuisine locale, les paysages ainsi que les sons qui deviennent dépositaires d’une expérience intense que ressent tout voyageur éclairé, la différence sensible étant que ce sont les dix doigts du pianiste qui nous révèlent ces univers.
Par le biais de deux compositions qui ne sont pas de son crû, René Bottlang a convié pour notre plus grand bonheur deux figures majeures du vingtième siècle, Bob Dylan avec « Blowing in the Wind », ritournelle mille fois entendue mais qui se renouvelle ici de manière étonnante et Charles Mingus dont le « Nostalgia in Times Square » surgit alors soudainement et merveilleusement dans une improvisation. Tout au long de l’album, cette musique agit sur l’étendue de notre sensibilité et pas seulement sur l’intellect. À l’image d’un arbre bien solide, René Bottlang nous offre de nouvelles pousses qui apportent leur lot de belles surprises et de vitalité organique.
Mario Borroni // Publié le 5 février 2023

   
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  « J’ai rencontré Ralf Altrieth a l’issue d’un concert que je donnais à Nîmes. Il s’est présenté comme peintre amateur de musique et nous avons très vite sympathisé. Etant périodiquement plus peintre que musicien nous nous sommes évidemment trouvés de nombreux points communs, car il s’est révélé qu’il était un excellent saxophoniste et compositeur. Comme je travaillais le saxophone soprano depuis quelques années nous avons commencé à nous voir régulièrement pour jouer en duo toutes sortes de choses ainsi que des compositions de notre cru. Tout cela a évolué vers un échange artistique très stimulant et outre le duo de saxophones nous travaillons également le duo piano saxophone et avons de nombreux projets en chantiers. Biographie est un de ces projets réalisés. Des compositions de Ralf que j’interprète à ma manière, avec une certaine liberté. »    
 

 

2020, Biographies, Meta Records, « René Bottlang piano, Ralf Altrieth compositions »


05 : Sourire en noir et blanc

  Autumn
Autumn
 

Sous les apparences d’un solo de piano comme il y en a beaucoup, voilà un disque singulier.
Pianiste et compositeur suisse habitant depuis longtemps dans le sud de la France, René Bottlang a enregistré ce nouveau disque avec un partenaire invisible, Ralf Altrieth, artiste allemand multiformes (peintre, saxophoniste...), installé lui aussi dans le Gard depuis sept ans. Altrieth a donc composé le répertoire complet du récital que nous propose Bottlang, dix-neuf très belles pièces aux titres de poèmes, magnifiquement interprétées et où s’inscrit tout naturellement l’improvisation.
Renforcée par un enregistrement lumineux, voici une musique hors du temps, donc intemporelle, dans laquelle on entre immédiatement, oreilles grands ouvertes.
« Biographies » (CD Meta Records meta085 – www.ralfatrieth.com). OUI !
Chronique de Jean Buzelin pour Culture Jazz

   
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  « Numbers et le fruit de cette collaboration dont j’ai parlé pour Biographie. Là c’est moi le compositeur. Nous aurions pu bien sûr alterner les compositions Ralf et moi mais notre éthique de peintres (sans doute) nous a enseigné qu’il n’était pas très bon de mélanger les bidons. Pourquoi Numbers ? Dans mon désir d’apprendre l’espagnol (voyage en Patagonie) je m’étais mis à numéroter les morceaux que je composais dans cette langue. Uno, dos, tres etc en attendant de leur trouver un titre. quand nous avons enregistré au studio de La Buissonne je n’avais toujours pas de titre. J’indiquais donc à l’ingénieur du son, le génial Gérard de Haro, le morceau que nous allions jouer par un de ces numéro en espagnol et quand nous avons cherché le nom de l’album Gérard à dit “Numbers“, tout naturellement du coup les morceaux pouvaient très bien garder juste leur numéros comme titre. »    
 

 

2021, Numbers, Meta Records, « René Bottlang piano & compositions. Ralf Altrieth saxophones »


07 : Diez

  Autumn
Autumn
 

BOTTLANG / ALTRIETH NUMBERS
La flamme reste vive chez René Bottlang et, loin de s'éteindre, illumine ses dernières productions. Sensibilité à fleur de peau pour « Bueno Aires » son récent solo argentin et, ici, complicité fusionnelle avec Ralf Altrieth son partenaire saxophoniste, musicien que l'on a grand plaisir à découvrir. Les belles mélodies qu'ils égrènent ensemble, compositions du pianiste, ont toutes la richesse d'une trompeuse simplicité. Harmoniquement riches, elles rutilent de mille feux et emprisonnent l'auditeur dans les méandres de sa sensibilité la plus intime. Car ces balades et rêveries musicales de deux promeneurs solidaires suscitent l'irrésistible envie de les accompagner dans leur flânerie complice.
Cette faculté rare d'éveiller l'émotion la plus naturelle, la plus intemporelle aussi, est source d'un émerveillement permanent qui, entre autres vertus, a celle de nous entrainer bien loin des sombres tracasseries du temps présent. Comme une utopie lucide, une mise à distance de tout ce qui est laid pour ne conserver que le bénéfice d'une échappée belle. Si piano et saxophone n'en sont pas à leur première rencontre, l'art du compagnonnage musical de nos deux raconteurs d'histoires est ici développé avec un tel bonheur et une telle générosité que l'on ne peut que s'y laisser prendre. En cela « Numbers » signe une bien belle réussite.
Jean-Paul Ricard

   
 

CHRONIQUE
L’art du duo atteint ici des sommets avec René Bottlang et Ralph Altrieth en joueurs- enjoueurs d’une musique qui, sous des airs d’apparente simplicité, n’en est pas moins recherchée et fruit d’un travail collaboratif d’une évidence totale. La poésie qui se dégage instantanément de Numbers prolonge en quelque sorte les expériences vécues de Steve Lacy et Mal Waldron, toutefois l’emploi du ténor par Ralph Altrieth emmène le pianiste vers d’autres terrains de jeu où prime le flot mélodique. L’accompagnement du tempo à la main gauche sur le clavier fait de René Bottlang un roc solide qui permet de libérer les audaces stylistiques de sa main droite, le saxophone répondant avec un savoir-faire harmonique audacieux.
Les dix-huit morceaux, d’une moyenne de trois minutes chacun, sont titrés avec des nombres en langue hispanique, Diecisiete, Ocho, Trece, Quince… « Dieciocho » et « Once » sont de superbes ritournelles qui s’impriment mentalement instantanément, ce qui démontre la puissance évocatrice de cette musique sur l’auditeur.
Entre improvisation et composition, le déroulement de l’album se fait sans que l’on ressente une quelconque dichotomie ; c’est la marque des grands musiciens qui savent tout donner en nous faisant ressentir l’importance même de l’humilité. Car cette musique respire la beauté et la tendresse, ce qui n’exclut en rien les envolées non pas vers une, mais des libertés assumées.
En bonus nous bénéficions d’une couverture d’album arborant une peinture exquise de Ralph Altrieth ainsi que d’un livret photographique à l’intérieur. L’enregistrement et le mixage réalisés par Gérard de Haro à La Buissonne sont, comme à l’habitude, remarquables.
Mario Borroni // Publié le 5 février 2023

   
     
       
       
       

 
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