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Chroniques collégiennes | Crónicas escolares

Collège Claude Chappe de Gallargues-le-Montueux

Présentation

Christine Tirbois, professeur de Lettres

Chers lecteurs,

Vous trouverez ici quelques textes poétiques rédigés en juin 2018 par des élèves de Troisième du Collège Claude Chappe de Gallargues-le-Montueux (30660).

En découvrant les Chroniques minuscules de Christophe de Beauvais sur le site Nepantla, l’idée est venue de proposer aux élèves et dans le même esprit la rédaction d’un texte court à partir des photographies archivées à la BNF. Chacun a sollicité alors son imagination féconde et ses ressources lexicales et poétiques pour proposer une nouvelle histoire à partir d’une photographie choisie librement.

Je remercie Christophe de Beauvais pour ses encouragements chaleureux, ainsi que Ónix Acevedo et Marc Thouvenot pour leur proposition de publier ici une sélection de textes. Je remercie bien sûr tous mes chers élèves pour leur participation enthousiaste, particulièrement Tom, Lison, Paloma, Naomi, Diva, Canelle, Lou, Nathan, Léonie, et, puisque je les ai quittés en cette fin d’année scolaire, je leur souhaite une belle poursuite en lycée et au-delà. Qu’ils continuent surtout à prendre du plaisir à lire et à écrire, tout comme j’ai eu beaucoup de plaisir à les accompagner dans nos aventures littéraires !


Source gallica.bnf.fr / BnF

Étoile des toits

Canelle

Tigrou, chat rêveur et grand aventurier, se promenait avec ses deux frère et sœur : Félix, un vrai clown fantasque, et Émeraude, réfléchie et sage tel un ange.

En ce beau soir d'été, les petits déposèrent leurs empreintes une à une sur le sable humide.

Chacune des traces formait de petites fleurs avec des pétales en coussinets, ce qui les amusait beaucoup par ailleurs.

La partie de rigolade terminée, les trois frères et sœur tombèrent en face d'un objet étrange et inconnu. Seul Tigrou, plus expérimenté, connaissait ce drôle de bidule et son utilité. Émeraude s’avança jusqu’à l'objet, tandis que Félix curieux, impatient, se précipitait. Plus rapide que son frère, il se jeta sur le drôle de machin et le culbuta.

Tigrou énervé grogna:

— Serais-tu stupide ? Tu es content de ta bêtise ?

Félix un peu vexé lui répondit :

— Je suis désolé. Je ne pensais pas mal faire et qu'il allait se casser ! Et puis, c'est quoi, cette chose ?

Émeraude voulu apaiser les choses :

— Tigrou, Félix, je vous prie de vous calmer ! Nous allons régler le problème ensemble.

Tigrou reprit la parole :

— Pour ce qui est de ta question, Félix, cet objet est un télescope. Un objet fascinant avec lequel nous pourrions observer le ciel et ses amies.

Les deux frères se regardèrent et répondirent ensemble :

— Mais qui sont-elles?

Tigrou répondit :

— Toutes aussi resplendissantes les unes que les autres, ces petites beautés sont la lumière et le guide de la nuit. Il suffit d'un simple regard pour être ébloui par leur splendeur, une simple étincelle pour que vos yeux pétillent de mille éclats.

Les frères et sœur se mirent à regarder le ciel, mais selon Tigrou, il faudrait attendre la nuit noire pour pouvoir les observer. Ils firent basculer le télescope et regardèrent le ciel.

— Moi, j'aimerais aller sur Mars. Je pense qu'il y a plein de choses rigolotes là-bas, commença Félix.

— Moi, j'aimerais aller sur Saturne et pouvoir courir sur ses anneaux, continua Émeraude.

— Moi, je rêve d’être le premier chat sur la lune et pouvoir flotter dans l'air à chacun de mes pas, termina Tigrou.

Pendant leur discussion, un seul d'entre eux regardait attentivement le ciel et vit une étoile filante. Il fit un vœu et celui-ci se réalisa. Ce fut donc le premier chat sur la lune.

Source gallica.bnf.fr / BnF

Sa construction était prévue

Diva

Un couple de bourgeois voulait s'installer près de Paris, rêvant tout deux d'une bâtisse éblouissante et d'une vie heureuse.

C'est en 1974 que leur souhait devint réalité. Il s'agissait d'une demeure impressionnante, aux jardins regorgeant de verdure et fredonnant un air agréable. Des grandes fenêtres illuminaient l'intérieur, semblables à des rayons de soleil. Liberté et Amour irriguaient de leur présence la maison.

Mais, un après-midi d'été, tandis qu'un soleil de feu obturait de sa chaleur l'atmosphère, une dispute éclata. Des éclairs foudroyèrent la bâtisse et des objets volèrent en éclats, pendant que le bâtiment regardait tristement. Les années s'écoulèrent et la situation s'aggrava. Face à ces querelles et à toutes ces tensions, la maison se dégradait. Elle ne se sentait plus aimée. Tout était devenu sombre, les arbres avaient perdu leur jolie robe émeraude, les oiseaux ne chantaient plus, et les fenêtres avaient fermé leurs paupières ne laissant passer qu'un misérable courant d'air frais.

Voyant leur domicile ainsi, le couple décida de partir très loin espérant retrouver leur vie d'avant. La maison se retrouva alors seule, délaissée, abandonnée. Elle se lamentait à longueur de journée, espérant un jour être à nouveau occupée. On entendait ses gémissements de l'autre côté de la colline, effrayant quiconque passait à proximité.

Malheureusement, personne ne comprenait qu'elle avait seulement besoin d'attention et d'amour.

Mais aujourd'hui, c'est moi qu'elle comble de bonheur.

Source gallica.bnf.fr / BnF

La maison de mon enfance

Léonie

Hier, je décidai d'aller voir après tant d'années la maison où je vécus les plus beaux moments de ma vie.

En arrivant devant celle-ci, mon visage se décomposa en observant le tas de ruines me faisant face.

Où était cette jolie villa pleine de joie ?

Devant cette immonde réalité, je fermai les yeux et mes souvenirs ressurgirent aussitôt.

Je revis ma maison rayonnante comme un soleil, devancée par un jardin fleuri tel un ciel rempli d'étoiles.

Pour arriver à ce petit coin de paradis, il fallait prendre un chemin bordé d'un parterre d'ancolies qui avait laissé place à d'affreuses orties.

Je cherchai des yeux cette balançoire qui me permettait de m'évader les soirs d'été, ses mouvements me faisaient oublier mes dures journées.

Après plusieurs minutes de réflexion, je décidai d'entrer dans cette demeure inhabitée.

Sans réfléchir, je me précipitai dans ce qui était mon repère.

Je m'aperçus que les murs colorés et habités de mon ancienne chambre n'étaient plus que poussières et ruines.

Debout, incrédule, je me fis surprendre par un coup de vent et, me retournant, je découvris un grand trou béant qui donnait sur l'extérieur.

A cette vision d'horreur, je pris la décision de partir.

Dès ma sortie, je me mis à courir, pour ne garder de ce lieu que mes bons souvenirs.

Source gallica.bnf.fr / BnF

Un nouveau monde

Lison

Cela débuta un doux soir d’été de 1926 dans une paisible campagne. Le virus s’intégra dans l’homme tel un serpent s’emparant de sa proie et la décima avec haine et sans pitié, la décima jusqu’au dernier, jusqu’à la dernière cellule d’humanité. Seuls les chats avaient combattu cette vague de mortalité. Il ne restait que ces âmes faiblement puissantes face à un destin qui leur avait été livré.

Lorsque la bactérie apparut, elle s’attaqua aux jeunes et sensibles âmes. Elle infecta tous leurs organes un à un, cracha dans leurs poumons, broya leurs os et déchira leurs membres tel un animal féroce s’attaquant à sa proie. Quand tous les humains disparurent aussi vite qu’un éclair, les chats furent si comblés de ne plus jouer à ces jeux fastidieux que les hommes prenaient un malin plaisir à leur imposer. Et pourquoi les importuner à les caresser de leurs gros doigts démesurés et à les observer salement se laver pour leur propreté ? Ne pouvaient-ils pas manger paisiblement leurs délicieux biscuits ou dormir tranquillement dans les matelas mielleux ?

Quand les chats furent seuls sur cette nouvelle terre dépeuplée, ils purent enfin être libres comme un oiseau délivré de sa cage. Ce renouveau fut comme un soleil s’élevant des nuages. La soif de culture et de connaissances les impatientait. Ils voulaient apprendre. Apprendre les mathématiques comme Pythagore, apprendre la physique comme Einstein, apprendre la chimie comme Marie Curie. Ils voulaient comprendre la vie comme la vie les comprendrait. Quelle était cette sphère bleue aux bois éclatant de lumière sur laquelle ils habitaient ? Quel était cet aimant invincible qui les gardait ? Mais ce que préféraient ces animaux était de pouvoir observer les astres à travers les grands télescopes. Ils formaient des figures dénués de toute logique. De plus près ils pouvaient voir les feux qui brûlent ou les glaciers qui craquent. Les nombreux cratères étaient défigurés et s’effritaient dans le temps passé. Les couleurs éblouissantes se mélangeaient comme la palette d’un peintre et les anneaux entourant ces étoiles brillaient de mille éclats tel un diamant bleu.

Les chats regrettaient la découverte si tardive de la beauté du monde par la faute de ces envahisseurs, les humains. Après les longues années d’exploration et de recherches, les félins commencèrent enfin à créer une nouvelle société qu’ils pensaient pure et exemplaire. Qui de mieux qu’un gouvernant qui puisse guider le monde comme un roi aidant son peuple ? Rien ne pouvait être mieux, se disaient-ils. Mais la nature est dangereuse semblable à un bel animal qui vous tue lorsque vous lui tournez le dos. C’est de là que commença une nouvelle ère de guerre inspirée par la haine, la jalousie et le pouvoir. Ils auraient pourtant tellement voulu croire que les erreurs des Hommes ne se reproduiraient pas mais peut-être la seule erreur était-elle d’avoir donné la vie sur cette terre ?

Puis par un doux soir d’été de 2182, dans une ville détruite par la guerre, le virus s’intégra dans le chat tel un serpent s’emparant de sa proie et la décima. Tel était le châtiment des destructeurs de cette planète.

Source gallica.bnf.fr / BnF

1985

Lou

La découverte menant vers un monde parallèle permit au docteur et moi une reconnaissance éternelle.

Nous étions déjà impatients à l’idée de pénétrer dans une autre dimension. Le docteur m’empaqueta dans une énorme combinaison. Je me sentais comme un oisillon pelotonné dans les douces ailes de sa mère. Seulement, je ressemblais à un pauvre vagabond en quête de liberté, emprisonné dans son manteau et s’écroulant sous le poids de son sac à dos.

Nous sortîmes du laboratoire. De nombreux photographes, assoiffés de curiosité, faisaient chanter leur caméra telle une symphonie de violons. Nous nous approchâmes du portail, mon cœur battait la chamade. J’aperçus ma compagne et lui fis une brusque accolade.

Avec l’impression de marcher sur les nuages à cause de mes grosses bottes, j’avançai comme si une force me poussait car j’avais brusquement l’envie de reculer tellement la peur m’envahissait.

Je m’imaginais un monde comme dans les longs métrages de science-fiction. Peut-être croiserions-nous des êtres extravagants ? Peut-être d’énormes coraux rouges fleuriraient-ils à chaque croisement ?

Le docteur fit son premier pas dans le portail. Doucement j’avançai le bout de ma botte. J’entrai. Je ressentis une impression de vide, un trou noir.

Source gallica.bnf.fr / BnF

Splendeurs et malheurs

Naomi

Il y avait déjà maintenant cinq ans que je retrouvai cette vieille demeure délabrée avec l'aile droite presque en ruines, au fin fond d'une forêt près de Dijon.

Sur les parterres, de la cendre stagnait. La fine poussière noire sentait comme les feux de cheminée où les flammes étaient diaboliques et démembraient le bois, si naïf et innocent. Les cendres lévitaient au-dessus des parterres et finissaient par s'envoler vers le clair de lune. Les branches fines et brûlées des arbres dansaient sous le Vent. De loin, on pouvait imaginer qu'ils dansaient une valse. La Toiture se déambulait comme si elle lançait un appel à l'aide. Mais c'était seulement une illusion.

Les portes criaient et les gonds crissaient, sous le Courage du vent. Les arbres étaient nus, tristes, déprimés, en dépression, suicidaires. Sur leur tronc mutilé s’inscrivaient des cicatrices qui ne s'effaçaient jamais. De la sève s'écoulait de leurs branches, issue de leurs profondes coupures. La maison était elle aussi abîmée, des marques de brûlures étaient visibles sur la façade. Elle était faite entièrement en bois de chêne.

De grandes plaines entouraient cet endroit. Des grandes plaines vastes. Des grandes plaines verdâtres avec des cerisiers en fleurs. Au beau milieu de ces plaines, se trouvait un lac. Le lac Hylia. Qui se divisait en plusieurs petites veines aux alentours. Au-dessus de cette grande étendue d'eau apparaissait le pont d'Hylia pour traverser cette dernière afin d'atteindre cette maison. Celle-ci n'avait absolument rien à voir avec le paysage autour, c'était comme si cet endroit était isolé de l'espace et du temps, et qu'une malédiction planait dessus.

Devant la vieille maison délabrée se postait une calèche. Une calèche faite de bois qui était aussi brûlée par les flammes enragées.Il n'y avait plus aucune toiture, elle s'était effondrée comme un ancien temple présent autrefois, construit pour abriter certaines cérémonies officielles réduites en ruine cent ans plus tard.

Dans cette calèche une poupée était assise. Elle représentait un garçon, habillé d'une sorte de tenue de marin, tenant un chien dans ses bras. Ce garçon avait comme des trous sur le visage. Peut-être servait-il de poupée vaudou. Il y avait une étiquette attachée à son pied sur laquelle on lisait « Robert ».

C'était complètement inutile d'explorer la maison, je savais d'avance qu'il n'y avait rien. Je posai à nouveau les yeux sur cette bizarrerie.

— Cette poupée n'a rien d'intéressant, dis-je.

— Je te hanterai au jusqu'à la fin de tes jours, rétorqua Robert d'une voix inquiétante.

A partir de cet instant, je compris que tout cela n'était pas la réalité.

C'était un de mes rêves de coma.

Source gallica.bnf.fr / BnF

Deux yeux pour un monde

Nathan

Il y avait déjà fort longtemps...

Un homme vivait dans un endroit où le calme régnait, où l’herbe poussait dans une brise si légère qu’une plume aurait pu voler et aurait été capable de faire danser les méchantes herbes.

Il se nommait James Brown. Dans sa tête, les inventions les plus extravagantes et les plus folles germaient à une vitesse qui égalait celle d’un guépard.

Une de ses nombreuses idées changea sa vie de misérable et fainéant inventeur en une vie comblée et célébrée.

Un beau jour d’automne, le sifflement du vent et la mort des feuilles permirent à James de trouver une idée si géniale et si folle que même un singe serait paru sage à côté de lui.

Quand il annonça à son village l’idée qu’il avait eue, tout le monde rit aux éclats. L’un disait : « Mais il est complètement fou ! », tandis que d’autres répétaient d’une voix moqueuse et sans aucune considération : « Cela ne marchera jamais ». Brown ne baissa pas les bras, toujours persuadé que l’idée d’observer le monde seulement avec deux yeux fonctionnerait et qu’elle égalerait les plus grandes inventions.

Il se mit alors à dessiner avec l’aide d’un crayon d’un gris peu commun un grand croquis pour concrétiser son idée. À la fin du mois, des feuilles étaient déposées un peu partout sur le sol de marbre. James avait passé le mois dernier à dessiner son invention mais la nuit dernière, l’un de ses nombreux croquis parut convaincant.

Brown passa des nuits entières à essayer de passer son dessin dans notre monde. Il passa près de quatre-vingt-dix jours et de nombreuses nuits pour mettre son invention à profit.

Lors d’un jour de février où les nuages couvraient le ciel et le faisaient pleurer, au dixième son de son horloge, il se réveilla et fit tout ce qu’il avait à faire le matin en un temps qu’il n’avait jamais égalé, pour aller voir et enfin essayer son invention. Ensuite, il marcha d’un pas si acharné et si vif vers sa création qu’il en tomba parfois.

Cela ressemblait à deux gigantesques hauts parleurs, deux énormes cônes disposant d’un trou en leur base. Ils étaient tenus par un seul et même pied. Au bout des deux cônes, en leur pointe, deux épaisses et longues cordes pour bateau étaient suspendues au-dessus du sol boueux de la campagne.

James pensait que s’il mettait les deux cordes sur ses deux yeux, il pourrait voir notre planète et la prévenir du danger, ce qu’il essaya sur le champ. Il posa les deux énormes et gigantesques lassos sur ses deux yeux qui brillaient d’un vert émeraude.

Ce qu’il découvrit fut surprenant et inattendu. Il découvrit une chose extraordinaire : le noir.

Source gallica.bnf.fr / BnF

Cent ans d’une Demeure Parlante

Paloma

Sa naissance fut bien paisible. La Demeure Parlante naquit en 1918 à Bordeaux, dans la sagesse d’un monde dangereusement pacifiste. La dureté du labeur apporta chaque heure ces beautés. Voici les cent ans de l’unique Demeure Parlante, meublée de pleurs angéliques et de rires diaboliques :

« Je fus rapidement dérobée par le temps pluvieux, plus rapide qu’un éclair ténébreux. Malgré le foudroiement immédiat de cet éclair de cendres, je connus des jours soyeux et de douces nuits, bercées par le Clair de Lune et la mélodie sifflante des vents de printemps. Déchainé, le vent hurlait sa peur par les fenêtres de mon cœur. Mon chapeau sournois abritait la peau divine d’un pauvre roi en pleurs. Moi, jeune et forte, je le protégeais derrière mes portes. La vie, cruelle parfois, lui avait volé son cœur et offert pâleur.

Il fut un jour où j’observai la vie lui prendre la sienne. Depuis, je n’étais que denses ruines noires, j’étais la Haine, la Peine, je n’étais qu’une âme meurtrie et errante, à la recherche d’une atmosphère ambulante. Je luttais, je courais à l’affût de ma propre liberté. Je ressentais le ciel livide s’abattre sur mes murs limpides. Je me souvenais, c’était comme mêler la fraîcheur de crépuscule à la chaleur étouffante d’un après-midi d’été. Seule dans cet enfer, ma mémoire s’éteignit peu à peu et mon corps se désintégrait sans adieu. La couleur de mes yeux se perdait dans l’abîme des cieux.

Il fut un temps où la vie gambadait et sautillait dans mes prés et les arbres fleuris de bonheur n’aspiraient qu’à la paix. Parfois, il m’arrivait même de mourir de bonheur dans le bourg de mon cœur. Sous le doux soleil d’été, j’enchaînais journées enivrées, virées de liqueurs et bouffées de chaleur. Je passais jours et nuits entiers à respirer la fraîcheur de l’herbe en friche. Cette herbe émeraude me dérobait des milliers de sourires en cristal. Il fut un temps où elle était un précieux bijou, mais désormais, elle subissait la sécheresse de la vie noyée dans le gouffre de l’Atlantique.

Désormais, mon âme s’encombrait de poussières et de flammes incandescentes.

Après tant d’années de désarroi, je compris que je n’étais qu’un rêve absurde, le point d’ancrage ravageur d’un voyageur noyé dans la tempête de la vie.

Voici cent ans que j’étais enchaînée ici, à observer sagement les émeraudes se briser et les vieux chênes dépérir de sagesse. »

Source gallica.bnf.fr / BnF

Alain était spécial

Tom

Les deux seules choses qui l’intéressaient étaient ses instruments et un fascinant objet qu'il avait trouvé au beau milieu des immondices. Ce jour-là, il aurait voulu montrer fièrement son protégé à sa famille, mais ils ne l'avaient pas écouté. Ils s'agitaient et couraient dans toute la demeure. Ils paraissaient glisser, parfois, oubliant la gravité, criblant le sol de leurs pas à une allure telle que même lui ne pouvait les suivre. Quelquefois, Alain voyait d'énormes pachydermes s'écrasant lourdement sur les pauvres petites lattes de parquet, qui ne pouvaient que gémir pour qu'on les remarque.

Et puis, un beau jour, Alain n'avait plus vu ses maîtres. Il avait seulement découvert un liquide rouge vermeil bavant un peu partout dans la maison. Les lattes ne pleuraient plus. La demeure s'était tue. Alors, Alain avait pris ses instruments et son nouvel objet, et s'en était allé. Il marcha, marcha, jusqu'à ce que les premiers enfants du froid lui chatouillent les paupières. Ce jour-là, il s'était arrêté sur le chapeau d'une immense femme vêtue de gris métallique.

Lorsque le soleil lui offrait sa lumière, Alain sautait, dansait et chantait sur le couvre-chef rabougri de la vieille femme. Il était bien, solitaire et dominant, sur le toit du monde.

Quand les gros bonshommes gris chassaient le beau temps, il laissait leurs larmes couler sur son nez, puis glisser le long de ses joues, dans son dos et sur son ventre. Il écoutait le vent murmurer ses douces complaintes. Il aimait cette sensation.

Lorsqu'il s'ennuyait, Alain regardait ce drôle d'objet qu'il avait rapporté... Il ne savait plus vraiment d'où. Il baladait ses yeux jaunes le long de ces gigantesques pieds, puis observait le grand tube doré qui était malicieusement posé dessus. Ce tuyau était percé, ça, il ne savait pas pourquoi.

Il s'était parfois surpris à glisser un œil devant le trou, mais il n'avait jamais pu se rappeler ce qu'il y avait vu.

Pourtant, une nuit, l'étrange objet s'adressa à lui :

« Petit être, pourquoi n'essaies-tu pas de m'observer plus attentivement? Regarde-moi droit dans les yeux, tu y verras peut-être des choses extraordinaires ! »

Alors, Alain succomba. Ce qu'il vit était indescriptiblement beau. Magnifique. Une ribambelle de jeunes filles effectuaient une chorégraphie. Au loin, leurs mères sonnaient l'heure du coucher.

À cet appel répondaient certaines des danseuses qui, doucement, s'en allaient dormir. Alain était fasciné, émerveillé, époustouflé.

Soudain, son regard se posa délicatement sur l'une d'entre elles. C'était une éclatante nébuleuse aux cheveux argentés constellés de paillettes dorées. Ses yeux étaient d'un vert puissant, clair, somptueux. Tout son corps semblait l'appeler.

Elle était seule, plus imposante que les autres.

Depuis ce jour, Alain garda constamment l'œil vissé à l'opercule. Il jouait toutes sortes de morceaux à sa bien-aimée qui, malgré cela, ne daignait pas lui répondre. Il ne s'en souciait guère. C'était la première fois que le bateau qu'était son cœur rencontrait une tempête. Il était trop occupé à manœuvrer pour ne prononcer ne serait-ce qu'une seule phrase plausible. Les seuls sons qui agitaient ses babines étaient inaudibles, mais beaux. Le jour comme la nuit, Alain chantait. Il chantait son amour, sa tristesse, sa peur. Sa dulcinée l'écoutait paisiblement, sans pour autant ouvrir les yeux. Alain ne voyait plus, ne sentait plus. Le temps était devenu insignifiant. Les années filaient à une allure époustouflante, et pourtant, il était toujours là, assis avec sa guitare, sans jamais changer de posture, sans jamais s'arrêter de jouer. Son seul et unique but était de parvenir à entendre le son de la voix de sa belle amie.

Un jour pourtant, Alain cessa ses morceaux et ses chants. Il ferma ses yeux rougis par l'amour, laissa ses bras et son corps se reposer. À cet instant, un miaulement rauque retentit dans la nuit.

Mais maintenant, à côté de la belle aimée, se dessinait une forme étrangement féline, ronflant paisiblement sous les douces berceuses d'une étoile.

Un sourire énamouré éclairait le petit visage du chat endormi.

Postscriptum

Christophe de Beauvais, auteur des [Chroniques minuscules]

Chers élèves,

J'ai lu avec grand plaisir vos travaux et je tenais à vous remercier ainsi que votre professeure pour ce joli cadeau qui m'est parvenu, de l'autre côté de la Méditerranée.

Vos textes sont non seulement bien écrits - et sans fautes d'orthographe, ce qui est remarquable ! - mais ils montrent également vos talents de conteurs et pour certains de réels talents poétiques. Tous vous m'avez régalé, parfois amusé, souvent surpris, mais toujours intéressé.

J'ai été emballé par votre imagination débordante, par la richesse de votre vocabulaire aussi, et par votre maîtrise du tempo, si important quand on s'attaque à ce genre très particulier de la nouvelle en une page.

Je perçois déjà chez vous le plaisir d'écrire : conservez-le très précieusement, il vous accompagnera toute votre vie comme une petite fenêtre de liberté qui restera toujours ouverte.

Remerciez de ma part votre excellente professeure, c'est grâce à elle que j'aie pu faire (un peu) votre connaissance, et c'est grâce à elle aussi que vous pourrez vous envoler.

Bien cordialement, Christophe de Beauvais

Collège Claude Chappe de Gallargues-le-Montueux

Presentación

Christine Tirbois, profesora de Letras

Estimados lectores,

Aquí encontrarán algunos textos poéticos escritos en junio de 2018 por estudiantes de tercero de secundaria, de la escuela Claude Chappe en Gallargues-le-Montueux (30660), Francia.

Al descubrir las Crónicas minúsculas de Christophe de Beauvais en el sitio de Nepantla, surgió la idea de proponer a los estudiantes la redacción de un texto corto bajo el mismo espíritu de las Crónicas, utilizando las fotografías archivadas en la BNF. Cada uno habría de emplear su fértil imaginación y sus recursos léxicos y poéticos, para crear una nueva historia a partir de una fotografía elegida libremente.

Quiero agradecer a Christophe de Beauvais por su cálido aliento, y a Ónix Acevedo y Marc Thouvenot por su propuesta para publicar aquí una selección de dichos textos. Agradezco asimismo a todos mis queridos alumnos su entusiasta participación, especialmente a Tom, Lison, Paloma, Naomi, Diva, Canelle, Lou, Nathan y Léonie. Dado que desde el final del curso ya no estamos juntos, les deseo lo mejor para la siguiente etapa escolar y más allá, que continúen disfrutando de la lectura y la escritura. ¡Fue un gran placer acompañarlos en nuestras aventuras literarias!


Source gallica.bnf.fr / BnF

Estrella de los techos

Canelle

Tigre, un gato soñador y gran aventurero, se paseaba con su hermano y su hermana: Félix, un verdadero payaso caprichoso, y Esmeralda, pensativa y sabia como un ángel.

En esta hermosa tarde estival, los pequeños dejaron sus huellas, una tras otra, en la arena húmeda. Cada rastro estaba formado por florecillas con pétalos almohadillados, lo que también los entretenía mucho.

Terminada la parte divertida, los tres –hermanos y hermana– se toparon con un objeto extraño y desconocido. Solo Tigre, el más experimentado, sabía qué era este artilugio y su utilidad. Esmeralda avanzó hacia el objeto, mientras que el curioso e impaciente Félix, se apresuró. Más rápido que su hermano, se arrojó sobre el objeto y lo hizo rodar.

Tigre refunfuñó: —¿Serás estúpido? ¿Estás contento con tuidiotez?

Félix, un poco molesto, respondió: —¡Perdón! ¡No pensé que se iba a romper! Y de cualquier manera, ¿qué es esa cosa?

Esmeralda intentó calmar las cosas: —Tigre, Félix, por favor, ¡cálmense! Resolveremos juntos el problema.

Tigre habló de nuevo: —En cuanto a tu pregunta, Félix, esta cosa es un telescopio. Un objeto fascinante con el que podríamos observar el cielo y a sus amigas.

Los dos hermanos se miraron y respondieron a la vez: —¿Pero quiénes son?

Tigre respondió: —Esas pequeñas bellezas tan resplandecientes son la luz y la guía de la noche. Basta una simple mirada para quedar deslumbrado por su esplendor, una simple chispa en la que tus ojos destellen con mil esquirlas de luz. Los hermanos comenzaron a mirar el cielo, pero según Tigre, habría que esperar a que la noche estuviera bien oscura para poderlas observar. Hicieron bascular al telescopio y miraron al cielo.

—A mí me gustaría ir a Marte. Creo que hay muchas cosas divertidas allí, —comenzó Félix. —A mí me gustaría ir a Saturno y correr en sus anillos, —continuó Esmeralda. —Yo sueño con ser el primer gato en la luna y poder flotar en el aire con cada paso, —terminó Tigre.

Durante su discusión, solo uno de ellos miró cuidadosamente el cielo y vio una estrella fugaz. Pidió un deseo y se hizo realidad. Fue entonces el primer gato en la luna.

Source gallica.bnf.fr / BnF

Su construcción fue planeada

Diva

Una pareja de burgueses quería establecerse cerca de París, soñando con una casa deslumbrante y una vida feliz.

Fue en 1974 cuando su deseo se hizo realidad. Se trataba de una casa impresionante, con sus jardines llenos de follaje que canturreaba con un aire agradable. Grandes ventanales iluminaban el interior, semejantes a rayos de sol. Libertad y Amor irrigaban la casa con su presencia.

Sin embargo, una tarde de verano, mientras que el ardiente sol llenaba la atmósfera de calor, estalló una pelea. Los rayos golpeaban contra el edificio y los objetos se hicieron añicos mientras la casa observaba tristemente. Con el correr de los años la situación empeoró. Frente a estas disputas y a todas las tensiones, la casa se deterioraba. Ya no se sentía amada. Todo devino oscuridad: los árboles perdieron su bonito vestido esmeralda, los pájaros ya no cantaban, y las ventanas cerraron sus párpados, dejando solo una miserable corriente de aire fresco.

Viendo así su hogar, la pareja decidió irse lejos con la esperanza de reencontrar su vida anterior. La casa se quedó sola, desatendida, abandonada. Ella se lamentaba todo el día, esperando ser ocupada otra vez. Se escuchaban sus gemidos al otro lado de la colina, asustando a cualquiera que pasara cerca.

Desafortunadamente, nadie entendió que solo necesitaba atención y amor.

Sin embargo, hoy es a mí a quien ella llena de felicidad.

Source gallica.bnf.fr / BnF

La casa de mi infancia

Léonie

Ayer decidí ir, después de tantos años, a la casa donde viví los mejores momentos de mi vida.

Al llegar frente a ella, se me cayó el alma al ver esa pila de ruinas frente a mí.

¿Dónde quedó esa bonita villa, llena de alegría?

Frente a esta inmunda realidad, cerré los ojos y mis recuerdos volvieron inmediatamente.

Vi mi casa radiante como un sol, precedida por un jardín de flores como un cielo lleno de estrellas.

Para llegar a este pequeño rincón del paraíso, había que tomar un camino bordeado de arriates de aguileñas, el que había dado paso ahora a espantosas ortigas.

Busqué el columpio en el que me escapaba en las tardes de verano, sus movimientos me ayudaron a olvidar los días difíciles.

Después de varios minutos de reflexión, decidí entrar en esta casa deshabitada.

Sin pensarlo, me lancé hacia lo que había sido mi lugar de referencia.

Noté que las paredes coloridas y habitadas de mi antigua habitación no eran más que polvo y ruinas.

De pie, incrédulo, me sorprendió una ráfaga de viento y, al dar la vuelta, descubrí un enorme agujero abierto que daba al exterior.

Frente a esta visión de horror, tomé la decisión de irme.

Tan pronto como salí comencé a correr, para conservar de este lugar solo mis buenos recuerdos.

Source gallica.bnf.fr / BnF

Un mundo nuevo

Lison

Todo comenzó en una dulce tarde veraniega de 1926, en un campo apacible. El virus se integró al hombre, como una serpiente que atrapa a su presa y la diezma con odio y sin piedad, mermándola hasta la última célula de humanidad. Solo los gatos lucharon contra esta ola de mortalidad. No quedaron más que esas almas que débilmente hicieron frente a un destino que les había sido adjudicado.

Cuando apareció la bacteria, atacó a las almas jóvenes y sensibles. Infectó todos sus órganos, uno por uno, escupió en sus pulmones, aplastó sus huesos y desgarró sus extremidades como un animal feroz atacando a su presa. Al desaparecer todos los humanos, tan rápido como un relámpago, los gatos estaban satisfechos de no tener que jugar a esos juegos fastidiosos que los hombres les imponían con un placer malicioso. ¿Y por qué molestarlos para acariciarlos con sus enormes dedos gordos y observarlos suciamente cuando se lavaban? ¿No podían ellos comer apaciblemente sus deliciosas galletas o dormir con tranquilidad en los colchones mullidos?

Cuando los gatos se quedaron solos en esta nueva tierra despoblada podían, por fin, ser libres como un ave liberada de su jaula. Esta transformación fue como el sol saliendo de las nubes. La sed de cultura y conocimiento los impacientaba. Ellos querían aprender. Aprender matemáticas como Pitágoras, aprender física como Einstein, aprender química como Marie Curie. Querían entender la vida como la misma vida los entendía. ¿Qué era esa esfera azul con los bosques resplandecientes de luz en la que vivían? ¿Qué era este imán invencible que los cuidaba? Pero lo que estos animales preferían era poder observar los astros a través de los grandes telescopios. Formaban figuras desprovistas de toda lógica. De cerca podían ver los fuegos ardientes o los glaciares que se desmoronaban. Los numerosos cráteres desfigurados y desmoronados de tiempos pasados. Los deslumbrantes colores que se mezclaban como en la paleta de un pintor y los anillos que rodeaban a estas estrellas que brillaban con mil destellos como un diamante azul.

Los gatos lamentaban el descubrimiento tardío de la belleza del mundo por culpa de esos invasores, los humanos. Después de largos años de exploración e investigación, los felinos finalmente comenzaron a crear una nueva sociedad que, pensaron, era pura y ejemplar. ¿Qué mejor que un gobernante que puede guiar al mundo como un rey que ayuda a su pueblo? Nada podría ser mejor, se dijeron. Pero la naturaleza es peligrosa como un hermoso animal que te mata cuando le das la espalda. A partir de ahí comenzó una nueva era de guerra inspirada en el odio, los celos y el poder. Ellos habían querido creer que los errores de los Hombres no volverían a ocurrir, pero ¿quizá la única equivocación fue haber dado la vida en esta tierra?

Luego, en una apacible tarde de verano de 2182, en una ciudad destruida por la guerra, el virus se incrustó en el gato como una serpiente que toma su presa y la diezma. Tal fue el castigo de los destructores de este planeta.

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1985

Lou

El descubrimiento que condujo a un mundo paralelo nos permitió, al doctor y a mí, un reconocimiento eterno.

Estábamos ya impacientes con la idea de ingresar en otra dimensión. El doctor me embutió en un enorme traje. Me sentí como un pájaro joven acurrucado en las dulces alas de su madre. Seguramente parecía un pobre vagabundo en busca de libertad, aprisionado en su abrigo y colapsando bajo el peso de la mochila.

Salimos del laboratorio. Muchos fotógrafos, sedientos de curiosidad, hicieron que sus cámaras cantaran como una sinfonía de violines. Nos acercamos al portal, mi corazón latía con fuerza. Vi a mi compañero y le di un abrazo repentino.

Con la impresión de caminar sobre las nubes debido a mis grandes botas, avancé como si una fuerza me empujara porque, de repente, quería retroceder por el miedo que me invadía.

Imaginé un mundo como en las películas de ciencia ficción. ¿Podríamos tal vez cruzarnos con seres extravagantes? ¿Quizás unos corales rojos enormes florecerían en cada cruce?

El doctor dio su primer paso hacia el portal. Lentamente empujé el extremo de mi bota. Entré. Sentí una impresión de vacío, un agujero negro.

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Esplendores y aflicciones

Naomi

Hoy ya hace cinco años que encontré esta vieja y destartalada casa con el ala derecha casi en ruinas, en las profundidades de un bosque cerca de Dijon.

En los jardines se estancaba la ceniza. El fino polvo negro olía al fuego de chimenea donde llamas diabólicas desmembraban los maderos, tan ingenuos e inocentes. Las cenizas levitaron sobre los macizos de flores y terminaron volando hacia la luz de la luna. Las delgadas y quemadas ramas de los árboles bailaban bajo el Viento. Desde la distancia, se podría imaginar que bailaban un vals. El Techo deambulaba como si estuviera pidiendo ayuda. Pero eso era solo una ilusión.

Las puertas gritaron y las bisagras crujieron bajo la Valentía del viento. Los árboles estaban desnudos, tristes, deprimidos, suicidas. En sus troncos mutilados se inscribían cicatrices que no se desvanecerían jamás. La savia se escurría por sus ramas, desde sus profundos cortes. La casa estaba también dañada, con marcas de quemaduras visibles sobre la fachada. Ella había sido construida completamente con madera de roble.

Grandes llanuras rodeaban este lugar. Grandes llanuras extensas. Grandes llanuras verdes con flores de cerezo. En el medio de estas llanuras había un lago, el Hylia, que se dividía en muchas pequeñas vetas por los alrededores. Sobre este gran cuerpo de agua se encontraba el puente de Hylia para cruzarlo y llegar a la casa. Este no tenía absolutamente nada que ver con el paisaje circundante, era como si este lugar estuviera aislado del espacio y el tiempo, y una maldición flotara sobre él.

Frente a la vieja casa derruida se encontraba un carruaje. Un carruaje hecho de madera que también fue quemado por las llamas embravecidas. Ya no tenía techo, se había derrumbado como un viejo templo que hubiera sido construido para albergar algunas ceremonias oficiales, reducidas a la ruina cien años después.

Sobre el carruaje se sentaba una muñeca. Ella representaba a un muchacho, vestido con una especie de traje marinero, sosteniendo un perro en sus brazos. Este chico tenía agujeros en la cara. Tal vez era un muñeco vudú. Había una etiqueta pegada a su pie en la que se leía: “Robert”. Resultaba completamente inútil explorar la casa, yo sabía de antemano que no había nada. Volví a mirar esta rareza.

—Esta muñeca no tiene nada de interesante, —dije. —Te perseguiré hasta el final de tus días, —respondió Robert con voz inquietante.

Desde ese momento, entendí que todo esto no era la realidad.

Fue uno de mis sueños de coma.

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Dos ojos para un mundo

Nathan

Hace mucho, mucho tiempo...

Un hombre vivía en un lugar donde reinaba la calma, donde la hierba era empujada por la brisa tan ligera que una pluma podría haber volado y habría hecho bailar a las malas hierbas.

Su nombre era James Brown. En su cabeza brotaban los inventos más extravagantes y salvajes a la misma velocidad que un guepardo.

Una de sus numerosas ideas cambió su vida de miserable y débil inventor a una vida plena y celebrada. Un buen día de otoño, el silbido del viento y la muerte de las hojas permitieron a James encontrar una idea tan genial y loca que incluso un mono parecía sabio junto a él.

Cuando anunció en su pueblo la idea que había tenido, todos se rieron a carcajadas. Uno dijo: “¡Pero está loco!” Mientras que otros repitieron con voz burlona y sin ninguna consideración: “Nunca funcionará”. Brown no se dio por vencido, siempre persuadido de que la idea de mirar el mundo solo con dos ojos funcionaría y que esta idea igualaría a los más grandes inventos.

Él se puso a dibujar con un lápiz de color gris inusual un boceto grande para concretar su idea. Al final del mes, las hojas estaban esparcidas por todo el piso de mármol. James había pasado el último mes dibujando su invento, pero la noche anterior uno de sus muchos bocetos pareció convincente.

Brown pasó noches enteras tratando de llevar su diseño a la realidad. Pasó casi noventa días y muchas noches para conseguir la realización su invento.

Un día de febrero, cuando las nubes cubrieron el cielo y lo hicieron llorar, al oír el décimo sonido de su reloj, se despertó e hizo todo lo que tenía que hacer en la mañana en tiempo record, para checar y, finalmente, probar su invento. Luego caminó tan rápida y frenéticamente hacia su creación que a veces se caía.

Parecían dos altoparlantes gigantescos, dos enormes conos con un agujero en su base. Estaban sostenidos por un solo pie. Al final de los dos conos, en su extremo, dos gruesas y largas cuerdas para botes estaban suspendidas sobre el terreno fangoso del campo.

James pensó que si ponía ambas cuerdas sobre sus ojos, podría ver nuestro planeta y advertir del peligro, lo que intentó enseguida. Colocó los dos enormes y gigantescos lazos en sus dos ojos que brillaban verde esmeralda.

Lo que descubrió fue sorprendente e inesperado. Él descubrió algo extraordinario: el negro.

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Cien años de una Casa Parlante

Paloma

Su nacimiento fue pacífico. La Casa Parlante nació en 1918 en Burdeos, en la sabiduría de un mundo peligrosamente pacifista. La dureza del trabajo aportó cada hora sus bellezas. Aquí están los cien años de la singular Casa Parlante, amueblada con lágrimas angélicas y risas diabólicas:

“Fui raptada por el clima lluvioso, más rápido que un oscuro relámpago. A pesar del fulgor inmediato de este destello de cenizas, experimenté días sedosos y suaves noches, mecido por el Claro de Luna y la melodía silbante de los vientos de primavera. Desencadenado, el viento aullaba su miedo a través de las ventanas de mi corazón. Mi sombrero astuto protegía la piel divina de un pobre rey que lloraba. Yo, joven y fuerte, lo protegí detrás de mis puertas. La vida, cruel a veces, le había robado el corazón y le había ofrecido palidez.

Un día vi como la vida tomaba la suya. Desde entonces, yo no fui más que densas ruinas negras, yo era el Odio, la Pena, solo era un alma magullada y errante, en busca de una atmósfera ambulante. Luchaba, corría en busca de mi propia libertad. Sentía el lívido cielo caer sobre mis límpidas paredes. Recordé que era como mezclar la frescura del crepúsculo con el sofocante calor de una tarde de verano. Sola en este infierno, mi memoria se fue apagando poco a poco y mi cuerpo se desintegró sin despedirse. El color de mis ojos se perdió en el abismo del cielo.

Hubo un tiempo en que la vida brincaba y saltaba en mis praderas y los árboles, que florecían de felicidad, solo aspiraban a la paz. Algunas veces incluso moría de felicidad en la aldea de mi corazón. Bajo el cálido sol de verano, encadenaba días embriagados, jornadas de licores y sofocos. Pasé días y noches enteros respirando la frescura de la hierba en barbecho. Esta hierba esmeralda me estaba robando miles de sonrisas de cristal. Hubo un tiempo en que era una joya preciosa, pero ahora estaba sufriendo la sequía de la vida ahogada en el abismo del Atlántico.

A partir de ahora, mi alma se llena de polvo y llamas incandescentes.

Después de tantos años de confusión, me di cuenta de que solo era un sueño absurdo, el ancla devastadora de un viajero ahogado en la tormenta de la vida.

Han pasado cien años desde que estuve encadenada aquí, observando sabiamente como las esmeraldas se rompen y los viejos robles se marchitan de sabiduría.”

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Alain era especial

Tom

Las únicas dos cosas que le interesaban eran sus instrumentos y un objeto fascinante que había encontrado en medio de la inmundicia. Ese día, le hubiera gustado mostrar, orgullosamente, su protegido a su familia, pero no lo habían escuchado. Se movían agitados y corrían por toda la casa. Parecían deslizarse, a veces olvidando la gravedad, proyectando en el suelo sus pasos, a un ritmo tal que incluso él mismo no podía seguir. En ocasiones, Alain veía enormes paquidermos que se estrellaban pesadamente sobre las pobres tablillas de madera del parquet, que no podían más que gemir para hacerse notar.

Un buen día, Alain no había visto más a sus amos. Solo había descubierto un líquido rojizo babeando por todas partes en la casa. Las tablillas ya no lloraban. La casa se había callado. Entonces Alain había tomado sus instrumentos y su nuevo objeto, y se había ido. Caminó y caminó, hasta que los primeros fríos le hicieron cosquillas en los párpados. Ese día se había parado sobre el sombrero de una mujer enorme vestida de gris metálico.

Cuando el sol le ofreció su luz, Alain saltó, bailó y cantó sobre el tocado raído de la anciana. Se sentía bien, solitario y dominante, en el techo del mundo.

Cuando los grandes hombres grises perseguían el buen tiempo, dejaba correr las lágrimas sobre su nariz, que luego se deslizaban por sus mejillas, por su espalda y su vientre. Escuchó el viento susurrando sus dulces lamentos. A él le gustaba esa sensación.

Cuando estaba aburrido, Alain miraba este extraño objeto que había traído... aunque no sabía de dónde. Paseaba la mirada con sus ojos amarillos a lo largo de estos pies gigantescos, luego miraba el gran tubo dorado que estaba maliciosamente colocado encima. Ese tubo estaba perforado, aunque él no sabía por qué.

Aunque a veces se había sorprendido echando un vistazo al agujero, nunca había podido recordar lo que había visto.

Sin embargo, una noche, el extraño objeto le habló:

“Pequeño ser, ¿por qué no tratas de mirarme más de cerca? ¡Mírame directamente a los ojos, verás cosas quizás extraordinarias!”

Entonces, Alain sucumbió. Lo que vio fue indescriptiblemente hermoso. Espléndido. Una bandada de chicas haciendo una coreografía. A lo lejos, sus madres indicaban a la hora de acostarse.

A esta llamada respondieron algunas de las danzantes, las que suavemente se fueron a dormir. Alain estaba fascinado, atónito, estupefacto.

De repente, su mirada se posó delicadamente sobre una de ellas. Era una nebulosa brillante con cabello plateado salpicado de brillo dorado. Sus ojos eran verdes brillantes, claros, suntuosos. Todo su cuerpo parecía llamarlo.

Estaba sola, más imponente que las otras.

Desde ese día, Alain constantemente mantuvo su ojo en el opérculo. Ejecutó todo tipo de piezas para su amada quien, a pesar de eso, no se dignó a responderle. A él no le importaba. Era la primera vez que la nave que era su corazón había encontrado una tormenta. Estaba demasiado ocupado maniobrando para pronunciar siquiera una frase plausible. Los únicos sonidos que agitaban sus boca eran inaudibles, aunque hermosos. Día y noche, Alain cantaba. Él cantó su amor, su tristeza, su miedo. Su amada lo escuchó, pacíficamente, aunque no abrió los ojos. Alain ya no podía ver, ya no sentía. El tiempo se había vuelto insignificante. Los años se aceleraron a un ritmo impresionante, y sin embargo, todavía estaba allí, sentado con su guitarra, sin cambiar de postura, sin dejar nunca de tocar. Su único objetivo era escuchar el sonido de la voz de su bellísima amada.

Un día, sin embargo, Alain detuvo sus canciones y sus cantos. Cerró los ojos, ruborizado de amor, dejó descansar sus brazos y su cuerpo. En ese momento, un ronco maullido sonó en la noche.

Ahora, junto a la hermosa amada, se dibujaba una forma extrañamente felina, roncando pacíficamente bajo el suave arrullo de una estrella.

Una sonrisa enamorada iluminó la carita del gato dormido.

Posdata

Christophe de Beauvais, autor de las [Crónicas minúsculas]

Queridos estudiantes,

Leí con gran placer sus trabajos y quise agradecerles, a ustedes y a su profesora, por este bonito regalo que me ha llegado del otro lado del Mediterráneo.

Sus textos no solo están bien escritos –¡y sin errores ortográficos, lo cual es notable!–, sino que también muestran el talento que poseen como narradores y, para algunos, un verdadero talento poético. Todas las historias me han deleitado, a veces me han divertido, a menudo sorprendido, pero siempre me han interesado.

Me quedé impresionado por su imaginación desbordante, también por la riqueza de su vocabulario y su dominio del tempo, tan importante cuando se aborda este género tan particular de la novela en una sola página.

Puedo notar desde ahora en ustedes el placer de escribir: presérvenlo con mucha atención, porque los acompañará toda su vida, como una pequeña ventana de libertad siempre abierta.

Agradezcan de mi parte a su excelente profesora. Es gracias a ella que pude hacerme conocer a ustedes, aunque sea un poco, y gracias a ella, también, ustedes podrán volar.

Muy cordialmente, Christophe de Beauvais




Traducción al castellano de Ónix Acevedo Frómeta
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