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Exposition rétrospective

Espace Commines, 17 rue Commines, 75003 Paris 6-8 février 2024

 


 

Eléments biographiques

Philippe Thouvenot est un peintre et sculpteur français, né en 1938 à Paris où il vit et travaille aujourd’hui. A Paris, Philippe Thouvenot fréquente l’Académie de la Grande Chaumière en 1957, puis l’École nationale des Beaux-Arts entre 1962 et 1964, mais surtout il se rend dans les expositions et étudie les grands artistes du XXe siècle : Matisse, Cézanne, Mondrian entre autres. Il peut aussi se laisser guider par la sensibilité esthétique qui l’anime dès son enfance. En témoignent, dessinés à l’âge de huit ans, un portrait de sa mère au regard saisissant de vérité et un autoportrait auquel l’artiste rattache un souvenir, l’émerveillement provoqué par le bleu utilisé pour colorer son chandail.

Advient ainsi une remarquable trajectoire artistique, fruit de 70 années de création, qui se renouvelle et se lit par périodes en suivant les déplacements de l’artiste correspondant aux lieux où il établit son atelier.

De sa jeunesse à 1964 Paris IIIe et Paris XVIe 1 ; les années 1964-1967 : Allemagne ; les années 1967-1970 : Paris XVIe ; les années 1971-1977 : Creuse. Il évolue logiquement vers l’abstraction dans les périodes suivantes : 1977-1989 : Dordogne ; 1990-1999 : Provins ; enfin depuis les années 2000 jusqu’à aujourd’hui : Paris XIe.

Parcours artistique

« Le dessin n’est pas la forme, il est la manière de voir la forme. » Edgar Degas

L’œuvre de Philippe Thouvenot est plurielle. Elle traverse le temps, déploie des styles et des techniques différents, avec cohérence, elle semble répondre au propos de Degas.

Au début de sa carrière, Philippe Thouvenot dessine ou peint son environnement dans une démarche figurative conventionnelle. Il choisit délibérément, en dehors des courants à la mode, d’asseoir ses connaissances : « Je voulais arriver à savoir faire certaines choses, des paysages, des natures mortes, des dessins », dit-il. Sa manière associant acuité compositionnelle et chromatique, complétée d’une facture habile, exprime son engagement : une méthode mêlant intuition et analyse.

En 1977, après des années d’un travail méthodique d’appropriation d’une histoire de la figuration au XXe siècle, et suite à l’achèvement d’un nouveau paysage, il veut « passer à autre chose ». Cette autre chose se concrétisera avec son passage à l’abstraction. L’artiste raconte qu’il a délaissé son grand atelier pour travailler dans sa cuisine. Après quatre journées, il trouve dans un dessin où apparaît une grille à 45° - esquisse rapide de la végétation - la voie de l’abstraction comme issue (Inv. N° 229).

Philippe Thouvenot s’éloigne de toute référence historique, pour ouvrir une étape singulière, personnelle dans ces années 1977-1989 : Dordogne. Sur de plus grands formats, ce travail déploie la grille comme trame de composition, pour résoudre la question de l’indépendance vis-à-vis de l’espace perspectif tel que construit depuis la Renaissance, et affirmer la bidimensionnalisé de la peinture. Il développe une recherche où les éléments ordonnant la surface picturale sont autonomes. Dès lors, Philippe Thouvenot oriente sa pratique (qui inclut encore le bas-relief et la sculpture) exclusivement vers l’abstraction. Elle repose sur des variations répétitives de figures géométriques simples donnant lieu à des séries. Pour que « ça tienne », il recourt à l’équilibre formel et à des calculs. Reste le travail de la couleur, de sa pose lissée ou laissant affleurer la finesse de la main en train de faire advenir le motif.

Périodes

Jeunesse – 1964 : Paris IIIe et Paris XVIe 1

1

Dans cette période sont rassemblés des dessins et des peintures initiés librement - paysage, intérieur de sa chambre de bonne, vue par la fenêtre sur Paris, autoportrait, nature morte – avec des études réalisées durant le passage de Philippe Thouvenot à l’Académie de la Grande Chaumière (1957) et ensuite à l’École nationale des Beaux-Arts de Paris (1962-1964). L’observation de ces œuvres de jeunesse dévoile ses compétences naturelles pour le dessin, la maîtrise de différents médiums et la construction de l’image.

1964-1967 : Allemagne

2

Peintures et dessins de cette période abordent principalement le paysage dans un style fondé sur l’intensité expressive des formes, des couleurs et du geste. Les qualités physiques du médium guident la construction de l’image et synthétisent plus ou moins les vues. La touche large et moelleuse des huiles, le tracé sinueux, vif, parfois dense, débordant la forme des dessins, attirent le regard sur la matérialité de l’image.

La réalité d’une Allemagne industrielle transparaît dans les horizons ponctués de cheminées fumantes, dans des sujets restituant l’activité de ports, par l’usage fréquent de la couleur noire et démontrent que l’artiste observateur témoigne également de son époque.

1968-1970 : Paris XVIe

3

De retour à Paris, les vues par la fenêtre incluent l’espace intime du peintre. Ici, l’approche picturale met en évidence un réalisme combinant précision descriptive et méthode plastique.

Le cadrage serré souligne le point de vue tout en incluant le hors champ et laisse planer le mystère sur ce non-vu. Enigmatique aussi, la présence du peintre signalée de façon détournée par les objets usuels abandonnés çà et là.

Dans une résolution simplifiée du sujet, la couleur en aplats soignés et la lumière nette dessinent un quotidien à l’apparence délicatement déréalisée, qui ainsi sublimée invite le spectateur à contempler la force de la composition et l’intérêt des jeux chromatiques.

La fenêtre est bien connue comme thème dans la peinture moderne, en particulier au début du XXe siècle, elle a permis à de nombreux peintres d’explorer des voies nouvelles : la remise en question de la perspective avec l’association du proche et du lointain et la géométrisation de l’image, notamment. En s’emparant de ce motif Philippe Thouvenot montre son intérêt pour ces réflexions visant l’autonomie de la peinture.

1971–1977 : Creuse

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Cette période illustre les sujets favoris de Philippe Thouvenot - paysage, vue par la fenêtre, intérieur, nature morte - dans une diversité de styles nous permettant en particulier de saisir la qualité de ses dessins noir-blanc et couleur. Des réseaux serrés comme lâches de traits vifs concis ou des lignes minimalistes pures dialoguant avec le blanc de la feuille. Les sujets restituent la réalité, mais davantage encore la vision du peintre mûrissant ses décisions plastiques qui le conduiront vers l’abstraction en 1977. L’image est basée sur l’organisation des formes et des couleurs privilégiant l’impact visuel plutôt que le rendu naturaliste.

1977-1989 : Dordogne

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Philippe Thouvenot développe alors une recherche fondée sur l’abstraction par séries de compositions modulées, initiées avec le motif de la grille. Cette structure prise désormais comme motif unique de l’image radicalise la matérialité de la peinture en fusionnant la forme avec le sujet. La neutralité de la grille orthogonale comme parti pris n’est pas la visée de l’artiste, au contraire, il superpose diverses grilles dans différentes couleurs afin de laisser courir son imagination. Ce qui le motive est une exploration des possibilités visuelles complexes offertes par le jeu formel de la géométrie simple. Il s’est aussi passionné par la mise au point de calculs personnels pour l’obtention de ses grilles. Derrière les calculs c’est l’harmonie visuelle que vise l’artiste, et intuitivement c’est ce qu’il a recherché dans et par son passage à l’abstraction: ouvrir un potentiel créatif dont seule la surface de la peinture en est la limite.

A la fin de cette période débutent la transposition de ses recherches géométriques en trois dimensions et le dialogue dessin/sculpture dans des installations.

1990-2000 : Provins

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Durant 10 années, Philippe Thouvenot exprime son langage géométrique développé en peinture par la sculpture. Se déployant plus ou moins dans l’espace, les volumes conservent aussi de la peinture une approche basée sur la frontalité et le motif. Leur volumétrie est travaillée avec de fines épaisseurs de bois découpé parfois additionnée d’une autre géométrisation peinte invitant l’observateur à tourner autour du volume. Principalement monochrome, leur élégance intrinsèque aux formes et proportions maîtrisées dégage une monumentalité nous invitant à les voir, en grandes dimensions, prendre place dans l’espace public.

L’artiste a d’ailleurs envisagé ce déplacement dans la transposition de ses bas-reliefs sur les murs extérieurs de maquette de maison, animant de manière dynamique la géométrie plane aux angles droits des façades. Ainsi, dans un jeu plastique maison et sculpture se confondent.

Depuis 2000 : Paris XIe

7

De retour à Paris et revenu à la bidimensionnalisé, Philippe Thouvenot ouvre une nouvelle période qui a comme support de réflexion l’étude des lois de la perspective et des proportions avec l’ouvrage De la perspective en peinture de Piero della Francesca.

Il en résulte des dessins qui offrent une approche de l’espace plastique en deux ou en trois dimensions. En effet, les dessins ne s’organisent pas uniquement sur le plan de l’image saturée, comme avec les grilles bidimensionnelles. Le plus souvent, ils montrent une approche de la surface intégrant le vide en tant que réceptacle de formes et comme un infini, silencieux, attractif. Par le rendu illusionniste de la perspective étudié avec Piero della Francesca, le dessin dans une conception purement géométrique joue à creuser l’espace en profondeur. Hors de toute référence réaliste, le spectateur est plongé dans l’expérience plastique pure. La main reconnaissable de l’artiste, sûre et sensible, prend part à l’impact délicat et clair de plus de 500 dessins regroupés selon le principe de la série et actuellement encore en cours de création.

La période met en lumière l’enthousiasme durable de Philippe Thouvenot pour la pratique du dessin que l’on perçoit être le germe de toutes ses créations. Un dessin révélateur de la sûreté de la main, de l’acuité du regard, de l’inclination pour la couleur et d’une vie tournée vers l’art.

Exposition organisée avec le concours de l’association Vision du Monde à laquelle Philippe Thouvenot a fait don de l’ensemble de son œuvre en vue de venir en aide aux enfants les plus vulnérables, de les sortir de l'extrême pauvreté et de leur donner les moyens de vivre pleinement leur vie.
Pour tout renseignement, merci de contacter Benoît Corbin, Directeur de la Philanthropie chez Vision du Monde, par téléphone au 06 19 78 71 21 ou par mail : benoit.corbin@wveu.org


Isabelle Lacour
[Genève, Janvier 2024]


   


Exposition rétrospective Philippe Thouvenot
Texte : Isabelle Lacour
Exposition : Nepantla, 2024