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Epicène : (adjectif)
1 : se dit d'un nom qui a la même forme aux deux genres.
2 : se dit d'un nom qui peut désigner indifféremment un mâle ou une femelle.



Programme
Le programme était composé de cinq parties :
1- Suite tirée du Verfügsbar aux enfers de Germaine Tillion
2- Poem de Rebecca Clarke
3- Féminologie op. 1 (en 4 mouvements) d’Audrey Podrini
4- MarimAmélie : chansons à texte d’Amélie Chambinaud
5- Hymne des femmes : composition collective de militantes féministes

Ces œuvres ont été interprétées par l’Ensemble de clarinettes Poco Assai et Amélie Chambinaud au marimba sous la direction de Nicolas Stimbre.


 
Ce concert « à coloration féministe » a été donné le 29 Janvier 2022 au centre Social et Culturel Simone Veil, Valdegour à Nîmes.
Il était proposé par l’ Association Gardoise des Ami.e.s de la Clarinette et de l'Association Femmes Solidaires.


1- Verfügsbar aux enfers

Suite tirée du Verfügsbar aux enfers de Germaine Tillion






Le Verfügbar aux enfers est une opérette-revue écrite clandestinement en 1944 par l’ethnologue et résistante française Germaine Tillion et ses amies, alors détenues au camp de concentration de Ravensbrück, un camp de femmes.
Verfügbar signifie disponible, entendre corvéable, puisqu'ayant refusé de servir l’effort de guerre allemand en travaillant dans des usines d’armement, elles optent pour le statut de Verfügbar, et sont soumises sans fin aux travaux les plus pénibles.
Avec beaucoup d’esprit, en mode « survie », elles ont détourné les paroles d’airs qu’elles avaient en tête pour les faire coller au contexte du camp. On y retrouve pêle-mêle des chansons scouts, des airs d’opérette, de la musique savante, et même des réclames publicitaires, chacune ayant pioché dans sa culture pour composer cette œuvre. Il n’y a dans cette pièce que des personnages féminins.
Le Verfügbar aux Enfers, c’est donc une histoire qui naît de la force mentale des prisonnières, décrivant la désolation des corps et la violence de la vie quotidienne au camp avec un humour noir et grinçant et un sens aigu de l’auto-dérision, Œuvre collective en pastiches, et geste potache posé par des femmes libres.

Trois extraits en forme de suite ont été joués, complétés par deux extraits de la Suite Panaméenne de Kurt Weil (musique de scène de « Marie Galante »)

1 : Prologue
(extrait de l’ouverture de l’opérette Orphée aux enfers de Jacques Offenbach)
2 : Il pleut sur la route
(tiré d’un tango de Henry Himmel)
3 : Chanson triste
(tiré de l’éponyme d’Henry Duparc)
4 : Fox-trot
(extrait d’une pièce de genre de Kurt Weil)

L’Ensemble de clarinettes poco assai accompagne la soliste Amandine Perret-L’huillier.

Paroles de Germaine Tillion et de ses amies :
Dans mon coeur il est une étoile
Qui m’inonde de ses rayons,
Elle inonde mes yeux pâles
Et rutile sous mes haillons

Les grands murs alors disparaissent,
Mon pays m’apparaît soudain
Sous son beau ciel plein de tendresse …
Ses baisers seront pour demain

C’est l’espoir que mon âme cache
Défiant les monstres infernaux
Il sourit quand leur voix se fâche
Sous la cravache et sous le fouet,
bondit plus haut
Un chant très doux plein d’allégresse
Monte de mon corps amaigri.
Doux espoir calme ma détresse
Toujours pleine dans ce ciel gris !

Il pleut sur la route

L’orage est partout
Dans un ciel de boue
et nous sommes toujours debout
Je crains que le soir
ne meure dans le noir
chez moi tout est désespoir

Il pleut sur la route
A travers les gouttes
dans la nuit j’écoute
si ça ne schlousse pas

Mais rien ne résonne
Et mon coeur frissonne
A chaque bruit mon coeur bat
Ca ne schloussera donc pas
Dehors le vent la pluie !
Je poserai quand même
Je poserai quand même cette nuit
Il pleut sur la route
dans la nuit j’écoute
A chaque bruit mon coeur bat
ça n’schloussera donc pas !

Qui donc m’a frappé
Me suis-je trompée
tant je sens mes nerfs crispés
bruit assourdissant
un rythme oppressant
peu à peu glace mon sang

Il pleut sur la route
A travers les gouttes
dans la nuit j’écoute
si ça ne schlousse pas

Mais rien ne résonne
Et mon coeur frissonne
A chaque bruit mon coeur bat
Ca ne schloussera donc pas
Dehors le vent la pluie !
Je poserai quand même
Je poserai quand même cette nuit
Il pleut sur la route
dans la nuit j’écoute
A chaque bruit mon coeur bat
ça n’schloussera donc pas !




2- Poem

Poem de Rebecca Clarke




Poem (1926) de Rebecca Clarke (1886-1979), Quand on ne connaît pas Rebecca Clarke, quelqu’un vous dit « c'est une contemporaine de Stravinsky et Ravel … » mais aussi Marguerite Long ou Germaine Taillefer…
Rebecca Clarke, donc est une compositrice anglaise qui recourt à des pseudonymes masculins dans les années 1920 pour défendre ses œuvres en concours de composition. Ses pièces alors signées Anthony Trent sont acclamées par les critiques, les autres passent totalement inaperçues. Lorsque les noms des lauréat.e.s sont dévoilés, on doute qu’une femme puisse si bien composer … participe à un grand concours où elle remporte le deuxième prix. Or quand son nom est révélé juste après les résultats, personne ne veut y croire : comment une femme peut-elle composer une œuvre aussi pertinente, exigeante, brillante ? La rumeur courait qu'elle n’avait pas composé elle-même cette pièce, que quelqu’un d’autre - un homme- l’avait écrite pour elle ...




3- Féminologie

Féminologie op. 1 d'Audrey Podrini (création)

Féminologie est une anthologie de portrait musicaux choisi avec Amélie Chambinaud en hommage à des femmes aux destinées particulières dont l’héritage et les combats continuent d’influencer le féminin et sa place dans le monde.
Le 1° mouvement Etre femme, se compose d’un collectage de voix féminines du passé (Simone de Beauvoir, Simone Veil, Antoinette de Fouque, Virginies Despentes…) et d’aujourd’hui. Les clarinettes et le marimba se mêlent à une bande électroacoustique constituée de paroles récoltées de femmes d’aujourd’hui répondant aux questions suivantes :

Qu’est-ce que pour vous ‘être femme’ en 2020 ? Qu’est-ce que le mot ‘féminité’ évoque pour vous ? Quels sont, selon vous, les futurs enjeux pour les femmes ? En France ou ailleurs ? Quelles sont les injustices envers les femmes qui vous touchent ? ou les plus belles victoires/avancées ? Avez-vous une ou plusieurs femmes qui vous inspirent ?

Le 2° mouvement, Pensées à contre-courant, est un hommage musical à Hypathie d'Alexandrie. Philosophe et mathématicienne grecque (370-415), elle est à la tête de l'école néoplatonicienne d'Alexandrie, au sein de laquelle elle enseigne la philosophie et l'astronomie.
Sa mort, sous les coups des chrétiens, choque l'Empire et fait d'elle une « martyre de la philosophie », menant les futurs néoplatoniciens à devenir de fervents opposants au christianisme.
Mouvement à expression modale basée sur une rythmique en 9, la petite clarinette en mib est une image de la voix d'Hypathie et la caisse claire symbolise cette idée qu'une foi ou opinion peut se transformer en rouleau compresseur et tout écraser sur son passage... La mort par lapidation d'Hypathie est illustrée par cet énorme crescendo de l'orchestre, qui ne laisse qu'un souvenir s'effaçant peu à peu.



Le 3° mouvement, A un poil près, est un hommage à Clémentine Delait. Célèbre femme à barbe du début du XXème siècle, elle a su mener une vie épanouie et joyeuse, défiant les canons de beauté de l'époque. Fière de sa barbe qui était l'objet d'une grande attention et coquetterie de sa part, elle eut une vie riche en amour, en reconnaissance et en voyages.
L'idée musicale du mouvement fut une valse décalée et joyeuse à l'image de sa vie.



Le 4° mouvement, Armes : Seins nus, fleurs et pinceaux est un hommage musical à Oksana Chatchko (1987 - 2018). Co-fondatrice du mouvement Femen, activiste et artiste peintre, elle fuit l'Ukraine et devient réfugiée politique à Paris en 2014, où elle continue son travail artistique et activiste.
L'idée musicale fut de faire un parallèle avec l'œuvre artistique d'Oksana, qui, maîtrisant l'art de l'iconographie orthodoxe, faisait des icônes révolutionnaires détournant les images pieuses en messages engagés. Ici, le chant religieux orthodoxe Agni Parthene (Hymne à la vierge) est déstructuré en utilisant le marimba, se jouant des effets et contrastes produits par l'ensemble de clarinettes.





4- MarimbAmélie

MarimbAmélie : chansons à texte d'Amélie Chambinaud.

Des textes piquants, féminins, tendres et engagés, accompagnés au marimba. Des chansons dans lesquelles se confondent l'artiste et la femme, l'instrumentiste et la chanteuse.




5- Hymne des femmes

Hymne des femmes

Hymne des femmes : chanson créee collectivment en mars 1971 par des militantes féministes à Paris sur l'air du Chant des marais, chant allemand des détenues politique du camp de concentration de Börgemoor créé en 1933. Elle est devenue un emblême du Mouvement de libération des femmes et plus généralement des luttes féministes francophones.

Nous qui sommes sans passé, les femmes
Nous qui n'avons pas d'histoire
Depuis la nuit des temps, les femmes
Nous sommes le continent noir
Debout femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout, debout, debout

Asservies, humiliées, les femmes
Achetées, vendues, violées
Dans toutes les maisons, les femmes
Hors du monde reléguées
Debout femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout, debout

Seules dans notre malheur, les femmes
L'une de l'autre ignorée
Ils nous ont divisées, les femmes
Et de nos sœurs séparées
Debout femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout, debout

Reconnaissons-nous les femmes
Parlons-nous, regardons-nous
Ensemble, on nous opprime, les femmes
Ensemble, révoltons-nous
Debout femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout, stand up

Le temps de la colère, les femmes
Notre temps est arrivé
Connaissons notre force, les femmes
Découvrons-nous des milliers
Debout femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout, debout

Debout femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout, debout,
Debout, debout,
Debout, debout.
 
   
 
   
 
   
 
 
Epicène
Production : Association Gardoise des Ami.e.s de la Clarinette et de l'Association Femmes Solidaires
Réalisation : Marc Thouvenot avec Victor Coste et Gaëtan Leprovost
Prise de son et mixage : Matteo Fontaine des Studios La Buissonne
Muséographie : Ónix Acevedo Frómeta