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Des tables aux tableaux
 
   
   
 
Pierre Nègre a toujours été peintre et sculpteur dans l’âme, mais il lui aura fallu quelques années et le détour par une production artisanale pour s’exprimer totalement comme peintre en développant une technique personnelle qui le mènera des plateaux de ses tables à des tableaux.
 
     
     
   
Epilogue
Elaboration d'une technique picturale
propos de Pierre Nègre recueillis par Marc Thouvenot
       
         
       
         
       
     
       
       
       
         
       
         
       
       
       
       
       
         
       
         
       
     
       
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Elaboration d'une technique picturale
 
 
Les premières tables, faites vers les années 70, étaient en marqueterie demi-massive d’olivier. Elles ne comportaient pas de graphisme précis mais seulement un souci d’équilibre des masses. Le support du plateau était en aggloméré, le cadre de fer soudé et étamé. Ce support était recouvert de morceaux d’olivier, coupés dans des troncs ou des branches, comme des rondelles de saucisson d’environ 20mm d’épaisseur qui étaient ensuite retaillées en carré ou en rectangles et collées sur le support avec de la colle menuisier en laissant un espace entre chaque morceau afin de couler de l’étain entre eux.

 
L’étain provenait de chez les ferrailleurs qui vendaient de vieux comptoirs de café et aussi des pièces de compteurs à gaz. Quand je n’en trouvais pas, j’étais obligé d’acheter de l’étain neuf à 100% alors que celui d’occasion ne titrait qu'à environ 70%. Ce métal fondant vers 200°, il était extrêmement facile de le faire fondre dans un creuset à l’aide d’un chalumeau et de le couler dans les interstices laissés entre les morceaux de bois. La température étant très peu élevée, le bois n’avait pas le temps de brûler au moment du coulage.
   
 
Les morceaux de bois collés et l’étain coulé, le tout était poncé à la disqueuse, puis à la ponceuse à bandes aux grains de plus en plus fins et terminé à la main avec des abrasifs aux grains de plus en plus fins aussi. L’ultime finition était réalisée avec deux couches de fondur et un peu d’huile de lin.
   
 
Le modèle suivant de table se distingue par l’absence de cadre métallique, ce qui lui donne une forme de coffre, par le fait que les morceaux d’olivier sont jointifs et surtout par l’introduction d’un graphisme en étain.
 
 
Par la suite j’ai réalisé des tables en employant des bois variés, beaucoup de fruitiers. De l’abricotier, du pêcher, du poirier, du cerisier, du prunier. Ces bois étant quasiment impossible à trouver dans les scieries traditionnelles, je devais aller les chercher sur place chez des paysans arboriculteurs qui abattaient des arbres trop vieux et qu’il pouvait récupérer. D’autres bois, comme le noyer, le platane, l’érable, le frêne, le chêne et l’arbousier devaient être achetés dans des scieries locales. Quant aux essences exotiques, comme l’ébène, le cocobolo, l’amarante, le bois de rose, le bois de violette et le palissandre, elles étaient achetées dans des endroits spécialisés. On peut ajouter à cette liste le buis que des amis m’offraient. Le fait de passer d’un seul bois à l’utilisation d’essences variées se fit conjointement et amena à l’introduction de rythmes abstraits.
 

 
J’ai eu envie, par la suite, de fabriquer des boites et pour cela j’ai développé une technique qui consistait à agglomérer des matériaux différents (bois et métal), en y adjoignant une nouvelle matière, de la résine teintée.
   
 
Ces boites étaient faites de deux façons, soit en créant une structure en bois, soit en travaillant dans la masse. Dans le premier cas, les différentes faces de la boite étaient habillées avec un placage réalisé au préalable. Ces placages étaient constitués de l’assemblage et du collage de différents morceaux de bois, de bandes d’aluminium tirées de plaques de 1 à 3 mm d’épaisseur et de résine de polyester teintée dans la masse. La résine a parfois chassé le bois, et alors pour faire des boites tout en résine, j’utilisais un support en médium sur lequel étaient collées des plaques de résine préalablement préparées. Ces dernières étaient faites de métal, en particulier des tubes d’aluminium dans lesquels je coulais de la résine colorée et que je coupais en tranches. Quand toutes ces formes étaient disposées sur cette plaque, je coulais de la résine colorée.
 


 
La deuxième méthode consistait à coller ensemble en un seul bloc des morceaux de bois, d’aluminium et de résine, et ensuite à travailler dans la masse à l’aide d’une défonceuse. C’est d’ailleurs ainsi que  j’ai réalisé des bracelets.
 
 

Cette technique -consistant à assembler de la résine teintée et des traits d’aluminium- qui avait été développée initialement pour la réalisation de boites, a trouvé son aboutissement dans la création de nouveaux plateaux de tables.

C’est la réalisation de tous ces objets et la longue maturation de cette technique toute personnelle  qui a finalement abouti à la création de tableaux.
   
 
Là encore, je mets en œuvre deux procédés. Dans l’un deux on reproduit sur  un support en médium un motif préalablement dessiné, en collant des bandes de plastique ou d’aluminium qui reproduisent fidèlement le dessin et permettent de couler la résine polyester teintée dans la masse.  Mais la résine, dangereuse pour la santé, a dû être progressivement abandonnée et remplacée par du ciment blanc teinté avec des pigments dans la masse et coulé de la même façon. Le coulage effectué, le tableau est poncé, verni et encadré.
 

 
L’autre procédé consiste à préparer des motifs avec la technique précédente. Ces motifs sont ensuite découpés, sciés et collés entre eux. Ces éléments ne sont pas jointés et entre eux on coule de nouveau du ciment coloré. Il y a une différence importante entre les deux techniques qui est que dans la seconde il entre une part d’aléatoire et d’improvisation.
   
 
   
 
 
 
   
 
Museografía: Ónix Acevedo Frómeta
   
 
   
 
   
 
   
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